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Alain.R.Truong
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11 novembre 2017

Marten van Cleve (Anvers, 1527 - 1581), Kermesse de village Huile sur panneau, trois planches, parqueté

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Lot 460. Marten van Cleve (Anvers, 1527 - 1581), Kermesse de village.  Huile sur panneau, trois planches, parqueté; 76 x 108 cm. Estimation 350 000 € / 450 000 €. Courtesy Artcurial

Provenance : Château de Satzkorn-Brandhorst, Potsdam, au milieu du XVIIIe siècle, selon le catalogue de 2007 ; 
Vente anonyme ; Paris, Palais Galliera, 9 juin 1961, n° 1 (comme Pieter Baltens) ; 
Acquis auprès de la galerie De Jonckheere, Bruxelles, en mars 2007, n° 13 du catalogue ; 
Collection particulière de l'Est de la France 
Bibliographie : S. J. Kostyshyn, 'A Reintroduction of the life and work of Peeter Baltens alias Custodis of Antwerp (1527-1584), thèse de doctorat, Cleveland, Case Western Reserve University, 1994, cat. 125, fig. 179 
Klaus Ertz, Christa Nitze-Ertz, 'Marten van Cleve, 1524-1581 : Kritischer Katalog der Gemälde und Zeichnungen', Lingen, 2014, p. 163-164, n° 63, repr. 

Note : Les scènes de réjouissances villageoises sont souvent identifiées comme des représentations dérivant de l'art de Pieter Brueghel l'Ancien (1525-1569). Notre tableau, et plus généralement l'œuvre du peintre Martin van Cleve, vient bouleverser cette analyse réductrice. De deux ans seulement le cadet du grand Brueghel, Martin van Cleve développe un mode de représentation des scènes de la vie quotidienne dans les campagnes flamandes qui lui est propre et qui se différencie de l'art de son contemporain plus célèbre. 
Issu d'une famille originaire de Cleve et installée à Anvers vers 1500, Martin van Cleve fut probablement l'élève de son père le peintre Willem van Cleve avant de devenir membre de la guilde de cette ville en 1551, la même année que Pieter Brueghel l'Ancien. Mentionné dans l'atelier de Frans Floris vers 1553/55, il installe peu de temps après son propre atelier qui sera particulièrement actif dans les décennies 1560-1570. 

L'inscription sur l'oriflamme rouge de l'auberge permet d'identifier la scène de notre tableau, il s'agit de la Kermesse de la saint Georges (ou foire au beurre) qui avait lieu au printemps, époque où le lait du bétail qui paisse l'herbe fraîche est excellent et donne du beurre de grande qualité. La composition est animée de multiples personnages qui déambulent et dansent. La liesse populaire s'exprime dans cette activité grouillante, au sein de laquelle se distinguent de truculents détails, comme l'homme urinant contre l'auberge à gauche ou les enfants poursuivant le fou. Le regard critique de Martin van Cleve sur la société et ses valeurs morales est atténué dans ses compositions par le mélange de personnages élégants et d'autres plus humbles qui participent ensemble aux festivités. Ainsi le flamboyant cavalier sur son cheval gris passant devant la charrette, ou le couple se tenant élégamment la main caché derrière une femme tenant son panier à droite, s'opposent à la trivialité de la femme tentant de relever son mari ivre (la présence des porcs au même endroit n'est pas innocente…) ou encore des personnes qui s'effondrent dans les tournoiements non maitrisés de leur danse. 

L'artiste n'a pas placé par hasard au milieu de sa composition le fou vêtu de jaune et poursuivi par des enfants. 

Vers la fin du XVe et au début du XVIe siècle, le thème de la folie prend une importance nouvelle dans l'histoire des mentalités aux Pays-Bas et dans les pays allemands. La figure du fou se développe ainsi dans l'iconographie. Si Erasme est le plus célèbre auteur à avoir traité de la Folie, il n'est en revanche pas le premier. Sébastien Brant, austère juriste strasbourgeois, publie avant lui à Bâle lors du carnaval de 1494 La Nef des fous. Oreilles d'ânes, crêtes de coq, grelots et marottes se retrouvent sur chaque fou que contient La Nef. 
Notre fou porte un bonnet muni d'oreilles d'âne. Depuis l'Antiquité, ces oreilles sont un attribut traditionnel de la folie, faisant référence aux oreilles d'âne du roi Midas, puni par Apollon parce qu'il avait préféré à la lyre du dieu la flûte de Pan (Ovide, Métamorphoses, XI, p.146-194). 

Voilà un tableau avec lequel le spectateur ne peut jamais s'ennuyer, toujours un détail viendra étayer sa curiosité et satisfaire son désir de nouveauté. Par sa vision à la fois bienveillante et critique des mœurs de la société ce tableau reste terriblement intemporel. 

Maîtres Anciens & du XIXe siècle chez Artcurial, 75008 Paris, le 14 Novembre 2017 à 18h00

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