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Alain.R.Truong
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3 mars 2021

Anselm Kiefer: Field of the Cloth of Gold à la Galerie Gagosian, Le Bourget

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Anselm Kiefer (b. 1945), Aus Herzen un Hirnen spriessen die Halme der Nacht (From Hearts and Brains the Stalks of Night Are Sprouting), Mixed media on canvas, 470 x 840 cm, at Gagosian, Le Bourget. ©Anselm Kiefer. Photo: George Poncet

Ce qui m’intéresse, c’est la transformation, pas le monument. Je ne construis pas de ruines, mais j’ai le sentiment que les ruines sont des moments où les choses se montrent telles qu’elles sont. C’est le moment où les choses peuvent recommencer.

Les images deviennent intéressantes quand le sujet n’est plus qu’une excuse, quand l’artiste se souvient de la lutte, quand il oppose son propre monde en conflit avec la terre qui s’est isolée d’elle-même.
Anselm Kiefer

Gagosian présente Field of the Cloth of Gold, une exposition de quatre nouvelles peintures monumentales d’Anselm Kiefer.

La tension entre la beauté et l’effroi, aux côtés du rapport inextricable entre l’histoire et le lieu ont animé le travail de Kiefer depuis les années 1970. Puisant dans la littérature de la mémoire culturelle – et notamment la poésie, l’Ancien et le Nouveau Testament et la Kabbalah – Kiefer donne une présence matérielle aux mythes et aux métaphores. Il imprègne le médium de la peinture de gestes et d’objets non conventionnels et étonnants, en le mêlant à des matières organiques et pauvres telles que la paille, le sable, le charbon, les cendres ou la boue. Kiefer se définit lui-même comme un iconoclaste ; ses peintures subissent divers processus – elles sont coupées, brûlées, enterrées, exposées aux éléments naturels, éclaboussées avec de l’acide ou arrosées de plomb – pour être recréées à nouveau. Ces stratégies, avec l’usage de matériaux tels que le plomb, le béton, le verre, le tissu, des racines d’arbres ou des livres brûlés créent une résonance symbolique, rendant ainsi tangibles le mouvement et la destruction de la vie humaine et la persistance du lyrique et du divin.

Le titre de l’exposition fait référence au sommet de paix historique entre les rois Henry VIII et François 1er qui s’est tenu il y a cinq-cents ans au beau milieu d’un champ, dans ce qui est désormais le Pas-de-Calais. La réunion, centrée autour d’une alliance stratégique entre l’Angleterre et la France, avait pour but de proscrire la guerre entre les nations chrétiennes. Cette alliance est considérée comme un événement fondateur du façonnement de la géopolitique européenne – jusqu’à ce qu’elle soit dissoute et que la guerre éclate, un an plus tard. Bien que Kiefer n’ait pas commencé à concevoir ces œuvres en ayant cet événement ou même ce titre à l’esprit, la connexion devint évidente et simultanée à leur achèvement. Comme il l’a déclaré récemment dans une interview, « le titre souvent n’est pas une explication de l’œuvre » mais plutôt « une allusion ». L’histoire est l’un des médiums qu’il utilise et synthétise dans son œuvre, « comme l’argile pour le sculpteur et la couleur pour le peintre. »

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 Anselm Kiefer (b. 1945), Ein Wort von Sensen gesprochen (One Word Spoken by Scythes), 2019 – 2020 Emulsion, oil, acrylic, shellac, straw, gold leaf, wood and metal on canvas, 470 x 840 cm, at Gagosian, Le Bourget. ©Anselm Kiefer. Photo: George Poncet.

Achevées durant ces deux dernières années, ces œuvres sont antérieures à la pandémie de COVID-19, à la crise qu’elle a entrainée et à la reconfiguration des relations internationales et interculturelles qu’elle a engendrée. Alors que l’histoire a été fracturée et imprévisible depuis la rencontre diplomatique du camp du Drap d’Or, notre mémoire culturelle retient l’imprévisibilité violente des relations humaines dans un continuum. L’aspect stratifié et viscéral de ces peintures, dont l’échelle correspond presque aux paysages qu’elles représentent, évoque le caractère versatile grandissant de l’histoire européenne et les effets et séquelles de la guerre. Comme dans la série des Morgenthau Plan de 2012, Anselm Kiefer appose d’autres éléments à la surface de ces peintures, de la matière végétale à du matériau industriel, construisant ainsi une troisième dimension à même la toile peinte. Ici le champ de l’histoire est transfiguré en un champ d’or sous un ciel sombre.

Comme souvent dans le travail de Kiefer, le titre et les symboles de chaque peinture contiennent un riche ensemble de références littéraires et historiques. Sichelschnitt (2019) fait référence au Plan Jaune (Sichelschnittplan), une stratégie conçue par l’armée allemande pendant la bataille de France en 1940, tandis que Beilzeit—Wolfszeit (2019) fait allusion à « Völuspá » (Prophétie de la Voyante), le premier poème de l’Edda Poétique issu de la mythologie nordique. Le verset 45 de ce poème est ainsi traduit « Temps de la hache – temps de l’épée, | les boucliers sont brisés, / Temps du vent, temps du loup, | avant que le monde ne s’effondre. » Ein Wort von Sensen gesprochen (2019–20) évoque le poème « From Hearts and Brains » de Paul Celan dont la poésie a été un point de référence pour Kiefer depuis des décennies. Le verset de Celan lit « et un mot, prononcé par les faux / les amènent à la vie. »

Anselm Kiefer: Field of the Cloth of Gold – Du 7 février au 28 mars 2021 – Galerie Gagosian, Le Bourget

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Anselm Kiefer (b. 1945), die sieben Schalen des Zorns (The Seven Bowls of Wrath), 2019 – 2020 Emulsion, oil, acrylic, shellac, straw, gold leaf on canvas, 470 x 840 cm, at Gagosian, Le Bourget. ©Anselm Kiefer. Photo: George Poncet.

What interests me is the transformation, not the monument. I don’t construct ruins, but I feel ruins are moments when things show themselves. A ruin is not a catastrophe. It is the moment when things can start again.

The pictures become interesting when the subject matter is no more than an excuse, when the artist remembers the struggle, when he sets forth his own world in conflict with the self-secluding earth.
Anselm Kiefer

Gagosian presents Field of the Cloth of Gold, an exhibition of four monumental new paintings by Anselm Kiefer.

The tension between beauty and terror, alongside the inextricable relationship between history and place, has animated Kiefer’s work since the 1970s. Drawing on the literature of cultural memory—including poetry, the Old and New Testaments, and the Kabbalah—Kiefer gives material presence to myths and metaphors. He infuses the medium of paint with startling and unconventional gestures and objects, juxtaposing it with organic and abject materials such as straw, sand, charcoal, ash, and mud. Kiefer asserts himself as an iconoclast; his paintings undergo various processes—such as being cut, burned, buried, exposed to natural elements, splashed with acid, or poured over with lead—so as to be made anew. These strategies, along with the use of materials such as lead, concrete, glass, fabric, tree roots, or burned books, create a symbolic resonance, making palpable both the movement and destruction of human life and the persistence of the lyrical and the divine.

The exhibition’s title refers to the historic peace summit between King Henry VIII and King Francis I that took place five hundred years ago in a field in what is now Pas-de-Calais, France. The conference, centered around a strategic alliance between England and France, had the goal of outlawing war between Christian nations. The alliance was considered a key event in shaping Europe’s geopoliticsuntil it dissolved and war broke out, a year later. While Kiefer did not begin making these works with this event or title in mind, the connection became apparent and synchronous after their completion. As he stated in a recent interview, “the title is often not the explanation of the picture,” but is rather “an allusion.” History is one of the materials he uses and synthesizes in his work, “like clay for the sculptor or color for the painter.”

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Anselm Kiefer (b. 1945), Field of the Cloth of Gold (Camp du Drap d’Or), 2019. Emulsion, oil, acrylic, shellac, straw and gold leaf on canvas, 470 x 840 cm, at Gagosian, Le Bourget. ©Anselm Kiefer. Photo: George Poncet.

Completed over the last two years, these works predate the COVID-19 pandemic, the ripple-effect crisis it created, and the international and cross-cultural relationships it has reconfigured. While history has been fractured and unpredictable since the Field of the Cloth of Gold conference, our cultural memory holds the violent unpredictability of human relations on a continuum. The layered and visceral character of these paintings, whose scale almost matches the landscapes they depictevokes the surging capriciousness of European history and the effects and aftermaths of war. As in The Morgenthau Plan series of 2012, Kiefer affixes other elements to the surfaces of these paintings, from plant matter to industrial material, building a third dimension onto the painted canvas. Here the field of history is transfigured into a field of gold under a dark sky.

As is customary in Kiefer’s work, each painting’s title and symbols contain a rich literary and historical set of references. Sichelschnitt (Sickle Cut) (2019) refers to the Manstein Plan (Sichelschnittplan), a war plan devised by the German Army during the Battle of France in 1940, while Beilzeit—Wolfszeit (Axe-Age—Wolf-Age) (2019) nods to “Völuspá (Prophecy of the Seeress),” the first poem of the Poetic Edda of Old Norse mythology. Verse 45 of this poem is translated as “Axe-time, sword-time, | shields are sundered, / Wind-time, wolf-time, | ere the world falls.” Ein Wort von Sensen gesprochen (One Word Spoken by Scythes) (2019–20) evokes the poem “From Hearts and Brains” by Paul Celan, whose poetry has been a point of reference for Kiefer for decades. Celan’s verse reads, “and a word, spoken by scythes / bends them into life.”

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