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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
22 août 2006

Les trois "chevaliers" de la guimbarde vietnamienne

aLa guimbarde (Dàn môi) ferait partie des instruments de musique les plus anciens de l'humanité. Seuls 30 pays dans le monde en possèdent. L'originalité de cet instrument, très diversifié en forme, en fait un trésor universel auquel le Vietnam contribue par l'intermédiaire notamment de 3 personnages.
La guimbarde est un instrument de musique à vent des ethnies minoritaires du Nord et du Centre. Rappelant la forme d'une aiguille à broder, à peine plus grande que 2 doigts réunis, elle est composée de fines lames en cuivre ou de bambou dotées d'anches libres. Malgré une apparence très simple, cet instrument produit des sons magnifiques, charmant tous ses auditeurs, féminins surtout.
Utilisé depuis longtemps par les communautés ethniques montagnardes, la guimbarde est un objet inséparable de l'adolescent H'mông, Nùng, Thai dans le Nord, ou êdê, Bana sur les hauts plateaux du Centre. La nuit, les sons envoûtants des guimbardes semblent s'harmoniser avec la fantasmagorie des montagnes. Le son singulier de cet instrument, comme un messager de confiance, va droit au cœur de l'aimée. Une déclaration d'amour magnifique et unique.
La guimbarde séduit aussi les citadins vietnamiens et étrangers. Parmi ces derniers, 3 hommes en sont tellement mordus qu'ils sont surnommés les "3 chevaliers de la guimbarde". Ce sont le professeur Trân Quang Hai, un Viêt kiêu de France, Nguyên Duc Minh, du Conservatoire de Hanoi, et l'Allemand Clemens Voigt, directeur d'une entreprise d'instruments de musique à Leipzig.

Un "maître" dévoué, fondateur d'une association spéciale
Très réputé en France, le professeur et docteur en musicologie Trân Quang Hai a été invité dans quel-ques 150 universités de 65 pays. Pionnier dans l'étude scientifique de la guimbarde, il a voyagé partout sur la planète à la recherche de cet instrument de musique. "Trouvable seulement dans une trentaine de pays, la guimbarde présente environ 50 genres, dont 10 au moins sont présents au Vietnam ", affirme le professeur, fier de ce chiffre le plus grand au monde. Aux États-Unis, on a composé des concertos réservés exclusivement à cet instrument. Et en Europe, la guimbarde fait partie des orchestres symphoniques.
Féru de guimbarde, Trân Quang Hai en a conçu des ouvrages de recherche et a pris l'initiative d'insérer dans son cours sur la musique mondiale, enseigné dans les écoles de France, une partie spéciale sur la guimbarde vietnamienne qu'il a rédigée lui-même.
Sous son influence, l'Association internationale de la guimbarde a vu le jour. "Il existe 3 revues spécialisées et 300 pages web consacrées exclusivement à la guimbarde", précise Trân Quang Hai. Lors du séminaire "La musique et la science de la guimbarde", fin juin dernier à Hanoi, le professeur a exprimé son souhait de voir ce petit instrument devenir, dans l'avenir, l'objet d'une préoccupation particulière des amoureux de musique au Vietnam, pays qui a la chance d'hériter d'un trésor si rare. Il a déclaré avec joie avoir trouvé un jeune "compagnon de route" qu'est Nguyên Duc Minh.

Un "élève" assidu, auteur de 2 CD originaux
Né et grandissant à Hanoi, Nguyên Duc Minh semble plus habitué aux sentiers des régions montagneuses qu'aux rues de la capitale. Ce jeune homme de 25 ans, ancien étudiant en flûte du Conservatoire de Hanoi, serait au Vietnam l'unique artiste passionné par l'étude et la pratique de la guimbarde, instrument dont il est tombé amoureux alors que, par hasard, il assistait à une démonstration de guimbarde à Hanoi par l'artiste allemand Clemens Voigt. Par son intermédiaire, Minh a contacté le professeur Trân Quang Hai en France et suit, depuis, des "cours à distance". Plus d'une fois, il s'est rendu dans les régions montagneuses du Nord, jusqu'aux villages reculés des H'mông ou des Thai, à la recherche de joueurs de guimbarde. "Je suis charmé par ces sons si particuliers. Ils ont quelque chose de sauvage et semblent venir d'un autre monde", confie Minh. Selon lui, les H'mông de Sa Pa se distinguent par leur manière de jouer de la guimbarde tout en chantant. "Accompagnées à la guimbarde, les chansons d'amour des H'mông paraissent plus romantiques encore", observe-t-il.
Grâce aux "artistes populaires", éparpillés ici et là dans les hautes régions, Duc Minh peut maintenant jouer avec brio de divers types de guimbarde. Et de concrétiser son rêve : réaliser 2 CD (de 60 minutes chacun) musicaux de guimbarde, les premiers du genre réalisés jusqu'ici au Vietnam. Avec ses amis, Duc Minh a créé le groupe "Âme de bambou" qui valorise au mieux la musique folklorique par le biais d'instruments de musique traditionnels dont la guimbarde, le monocorde, la cithare à 2 cordes, la cithare à 16 cordes...
"Si Clemens m'a offert mon premier rendez-vous avec la guimbarde, Trân Quang Hai m'a transmis la passion et l'énergie pour l'évaluer telle qu'elle est", confie Duc Minh, ému. Le professeur Trân Quang Hai l'a invité à se produire au Festival international de guimbarde, fin juillet dernier aux Pays Bas.

Un Allemand amoureux de la guimbarde
On l'appelle "Monsieur Guimbarde", car, à 26 ans, il a lancé à Leipzig, sa ville natale en Allemagne, une compagnie spécialisée dans la vente de guimbardes, dont il est fou voilà plusieurs années. Le magasin de Clemens Voigt propose toutes sortes de guimbardes trouvées dans le monde, dont 60% proviennent du Vietnam. En 2000, lors d'un voyage touristique à Sapa, province de Lào Cai, il a par hasard "découvert" la guimbarde des H'mông qu'il appelait "petite harpe". Depuis, ce pays est devenu sa destination privilégiée. Plusieurs dizaines de fois déjà, sur sa moto, il s'est rendu dans les villages des H'mông et des Dao sur les hautes montagnes pour chercher son "amour spirituel". Son zèle et sa virtuosité à jouer de la guimbarde l'ont fait devenir un ami de confiance des montagnards vietnamiens, dont l'hospitalité est naturelle. De retour en Allemagne, il a emporté chaque fois des centaines de guimbardes qu'il a fait fabriquer. Ce qui, en quelque sorte, a donné du travail et fait la fierté des habitants du coin. "Non seulement moi mais aussi d'autres étrangers admirent la guimbarde vietnamienne. Très belle de forme, elle peut produire des sons magnifiques, à la fois fins et élevés, tout à fait différents des sons graves des autres guimbardes dans le monde", observe Clemens Voigt.
En 2002, en collaboration avec son ami Sven Otto, Clemens Voigt a créé la compagnie Dàn môi - Voigt & Otto GbR, en même temps que le Fonds international Dàn môi Records. Ces 2 jeunes Allemands constituent aussi le noyau du groupe de musique Little Reed Vibration Orchestra dont les compositions ne manquent jamais d'utiliser la guimbarde vietnamienne. On peut ainsi dire que Clemens Voigt est le premier à présenter et introduire la guimbarde vietnamienne sur le marché international. Grâce à sa compagnie, des dizaines de milliers de guimbardes vietnamiennes, de l'ethnie H'mông surtout, sont vendues chaque année. Pour son site web commercial, il a choisi un nom purement vietnamien : http://danmoi.de. Une façon d'exprimer son amour sans borne.
Nghia Dàn/CVN

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