Les roches gravées de Sapa sous l'optique artistique et des études archéologiques les concernant constituent une exposition inédite qui devrait s'ouvrir le 15 septembre à l'École des beaux-arts de Hanoi.
Les roches gravées de Sapa sous l'optique artistique constituent une exposition inédite qui devrait s'ouvrir le 15 septembre à l'École des beaux-arts de Hanoi, pour présenter les roches de différents angles, ainsi que d'autres études archéologiques les concernant. Organisée par l'École des beaux-arts, le Service de la Cutlure et de l'Information de la province de Lào Cai et le Centre du préhistoire d'Asie du Sud-Est, l'exposition durera jusqu'au 30 septembre.

Premières études franco-vietnamiennes
À la demande du Service de la culture de la province de Lào Cai, le Centre de Hanoi de l'École Française d'Extrême Orient (EFEO) a mis en place un programme visant à conserver les roches gravées situées dans les vallées du district de Sapa (Nord). Depuis octobre 2005, une campagne, dirigée par Philippe le Failler de l'EFEO, et Trân Huu Son de Lào Cai, a été lancée afin d'estamper les roches gravées, de les localiser par satellite (GPS), de les marquer et, ainsi, d'établir une cartographie précise des lieux. Il est à noter que les créneaux de travail sont réduits : il est en effet impossible de travailler pendant les saisons des pluies et agricoles, nombre de pierres se trouvant au milieu des rizières. Les estampages ne peuvent donc s'effectuer que lors des mois de novembre et d'avril. Cet ambitieux projet, ne rassemblant pas moins d'une vingtaine de collaborateurs, est une première dans le sens où il s'agit d'une collaboration entre l'EFEO et une collectivité locale vietnamienne.
Bien que découvertes depuis près de 8 décennies, les pierres, tout comme les pyramides d'Égypte, tardent à révéler leurs secrets. Actuellement, nul ne sait pourquoi certaines seulement ont été gravées. Quelques unes semblent présenter des caractères sinisants - il s'agirait sans doute d'avantage d'un idiome d'un groupe ethnique encore indéterminé - ainsi que 4 lignes d'une écriture pour l'heure inconnue. L'écrasante majorité des autres présente des séries de traits parallèles horizontaux. Interrogées, les populations locales telles que les ethnies H'Mong, Day ou Dao ne semblent pouvoir éclairer d'avantage les lanternes des chercheurs, les pierres étant bien antérieures à leur arrivée dans la région.

Un candidat au patrimoine mondial
Le gouvernement vietnamien et les autorités locales veulent aujourd'hui mettre en valeur ce patrimoine ; ils souhaiteraient en outre faire enregistrer ces roches en tant que patrimoine de l'humanité, une première demande ayant été faite en ce sens dès décembre 1997. Celles-ci viendraient alors côtoyer des sites aussi prestigieux que Venise ou la grande muraille de Chine. Mais avant d'en arriver là, le chemin sera encore long. Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir "une valeur universelle exceptionnelle " et satisfaire à au moins un des 10 critères de sélection - critères énoncés dans les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial. Une des premières étapes est de sensibiliser le public à la préservation de ce patrimoine. L'exposition, présentée à l'École des Beaux-Arts va droit dans ce sens. Un premier pas avant peut-être un jour un classement.

Thibault Moleux/CVN