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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
23 juillet 2007

Art contemporain : le mariage des arts selon Nguyên Duy Quang

2A 28 ans, Nguyên Duy Quang est un artiste polyvalent. Il habite à Hanoi dans un studio d'une trentaine de mètres carrés auquel on n'accède qu'après avoir traversé un labyrinthe de passerelles, de toits et d'escaliers en colimaçon.
Ses derniers travaux ont été faits en coopération avec le Centre culturel français de Hanoi : il a participé à l'exposition "Trafic Design" le mois dernier en y présentant une œuvre et il a réalisé il y a 2 ans une exposition intitulée "La vie inclinée". Entre-temps, aucune exposition. Mais il continue à travailler chez lui, à peindre, à dessiner et à organiser des projets ambitieux.

Il prépare notamment avec la troupe de danseurs belge Alain Platel un spectacle qui se tiendra à l'Opéra de Hanoi à la fin de l'année. Il précise :"Le projet sur lequel on travaille n'est pas simplement un spectacle de danse contemporaine, c'est une création originale associant danse, musique et arts plastiques contemporains. Pour ma part, je ferai principalement les décors, mais je participerai aussi à la conception de la chorégraphie". Après sa représentation à Hanoi, la troupe espère recommencer à Hô Chi Minh-Ville (Sud), voire à Bruxelles (Belgique).

Quang n'est pas danseur ni musicien, mais il s'intéresse à toutes les disciplines artistiques : "Je mélange plusieurs sortes d'arts et de techniques, et j'en essaie de nouvelles. Par exemple, j'ai réalisé ce tableau uniquement avec des stylos", explique-t-il devant une de ses œuvres. "J'utilise aussi l'huile et l'acrylique, ce sont de très bons matériaux. Évidemment je peins et je dessine beaucoup, mais je me dirige vers des activités moins classiques, où je pourrai marier ensemble les sons, les images, la lumière et le mouvement des corps. Je ne m'interdis aucun croisement qui puisse me permettre de donner à mon œuvre le sens que je souhaite…".

En ce moment, il prépare une série de peintures en faisant des croquis. Il a besoin de tout planifier avant de se lancer. Le choix des matériaux ne lui permet parfois pas la moindre erreur. Il dessine ses croquis dans un cahier qui contient de nombreuses inscriptions en chinois… Il l'explique : "Je m'intéresse à la culture chinoise et j'apprends le chinois depuis que j'ai 15 ans. Il y a des racines communes entre cette culture et la nôtre. Ca ne veut pas dire que je me destine à faire de l'art chinois, ou de l'art classique. Je préfère peindre à ma façon. Je crée des œuvres modernes en m'inspirant de ma vie, de mes émotions et de tout ce qui m'entoure".

Quang est passé par une école d'art. Il y en a quelques-unes à Hanoi, mais une seule est professionnelle. L'artiste déplore la pauvreté culturelle de sa ville natale : "Aujourd'hui l'art est ennuyeux à Hanoi. Les vieux artistes font toujours la même chose, et il n'y a pas encore de jeunes assez bons pour les relever. C'était mieux il y a quelques années. En ce moment, tout est peint de la même façon, surtout de façon à pouvoir être vendu facilement ! Les expositions ne sont pas émouvantes. Mais je pense que d'ici 5 ou 7 ans, l'art à Hanoi vivra des jours meilleurs lorsque le niveau de vie aura augmenté". Les artistes pourront un peu plus se consacrer à leurs créations et les Hanoiens aux expositions…

Artiste et tenancier d'un bar
Lorsqu'il ne travaille pas à ses œuvres, Quang est barman. "C'est difficile de gagner sa vie correctement en tant qu'artiste. On a besoin d'un revenu stable. J'avais un bar qui s'appelait Le Riz mais je l'ai vendu il y a quelque temps. En ce moment, je suis en train d'en préparer un nouveau. Je fais moi-même la décoration. Il s'ouvrira au mois d'août, au 61, Luong Ngoc Quyên, Hanoi et s'appellera Le Mikkaiin Lounge bar. Le nom n'a pas de sens particulier". Ce nom lui est venu sans raison apparente, comme les émotions qui donnent naissance à ses œuvres.

Des œuvres dont certaines nous entourent, toutes étranges, toutes fondées sur le thème du corps. "J'aime le corps humain. Quand on étudie le corps humain dans une école d'art, on le dessine avec le plus de réalisme possible. Mais je considère que le corps est un langage et je l'utilise comme tel". Toutes ses peintures mettent en scène des corps d'hommes et de femmes déformés, mêlés au décor, mêlés à d'autres corps, en symbiose avec la tuyauterie d'une douche ou en conflit avec eux-mêmes… "Trois personnes qui prennent une douche, ce n'est qu'un sujet pour peindre, un prétexte. Ca ne suffit pas. La peinture n'est achevée, elle n'est une œuvre d'art, que si elle provoque une émotion. Alors, chacun peut la voir et l'apprécier à sa façon. Même si les impressions varient, une œuvre qui touche peut toucher n'importe qui."

Quang a l'esprit clair, il est réaliste et déterminé. Il a d'autres projets à long terme. "Je vais faire une formation pour devenir directeur artistique et pouvoir gérer des projets de grande envergure. Je vais peut-être habiter à Paris pendant un moment. Je voudrais réapprendre le français, parce que j'ai déjà oublié tout ce que je savais…" (Grégoire Barrault/CVN)

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