Le créateur a choisi six de ses clichés emblématiques de son univers. Il les commente pour nous. Sylvia Jorif (www.elle.fr)

Le chèche cool...

« Paris, juillet 2004. Essayages à Paris. Je défilais au musée de l’Homme. Beck avait composé la musique. J’avais lancé le slim depuis deux ans, mais ces proportions se sont cristallisées à ce moment précis. Effets portés, mon écharpe en coton, les premiers blousons de cuir. Cette collection a été largement relayée. Je reprenais une veste présentée une saison plus tôt, en M, sans fente, très courte, adoptée par les groupes de rock que j’ai habillés par la suite. »

« Paris, janvier 2005. Dix batteries suspendues à 10 mètres du sol, et le titre “In The Morning” de Razorlight, composé pour ce défilé. Des capes en grain-de-poudre noir et des feutres sur des cheveux trop longs. Des talons de 5 cm et des boots dorés. Un esprit glam’, avec un casting britannique. Des fans et des membres de groupes en devenir. Je finissais mon livre sur Pete Doherty. Une collection symptomatique d’un moment très précis de mode et de musique. La naissance d’une nouvelle scène. »

« Los Angeles, juillet 2005. Je passais le plus clair de mon temps à Londres. J’avais en tête une sorte de transposition des mods, des vestes fragmentées, recomposées, et surtout l’esprit d’un nouveau mouvement new wave, perceptible chez des groupes tels que The Rakes. Je fêtais mon anniversaire au Triptyque. The Paddingtons et The Others étaient sur scène, Doherty avait débarqué à l’improviste pour chanter quelques titres. »

« Los Angeles, février 2006. J’ai découvert Chris Ulyatt dans Soho. C’était sa première journée à Londres. Deux jours plus tard, il était à Paris pour les essayages de cette collection “black tie”, où je revenais à la couture telle que je l’avais définie chez Saint Laurent, mais dans un esprit XIXe un peu gothique. Cette saison-là. Gus Van Sant m’avait demandé de passer une semaine à l’atelier et filmait les essayages. Le film dort dans ses tiroirs. »

« New York, juillet 2006. Jordan était un jeune Britannique de 17 ans. Il avait la coupe de Brian Jones. Quasiment tous ses amis ont été enrôlés dans ce défilé, sur la musique de Littl’ans et le tambourin de Ronnie, baptisé “Tambourine man”. Cette collection correspondait à un mouvement plus tard catalysé par les fluokids. Les proportions radicales, étriquées, les manches trop courtes, les jeans seconde peau en cuir papier dessinaient les contours d’une silhouette étirée et saturée. »

« Paris, janvier 2007. George Barnett commençait un apprentissage à l’atelier. Il est le batteur de These New Puritans et le frère jumeau de Jack. Je travaillais les superpositions et les jeux de proportions. Essentiellement sur des sarouels de flanelle ou de gabardine noire. Les garçons avaient des coupes en brosse. Jack a composé “Navigate” pour l’occasion. C’était le lancement de These New Puritans. Ils signaient le lendemain avec Domino Records (le label des Arctic Monkeys, ndlr). »