Commode galbée, en bois de placage marqueté de branchages fleuris et feuillagés, animés de papillons et oiseaux sur des fonds de satiné ou d'ivoire. Estampille de Jacques DUBOIS, reçu Maître en 1742. Époque Louis XV.

Elle présente sur les trois faces des panneaux en laque européen dans le goût de la Chine, à décor d'oiseaux et de paysages. Elle ouvre par trois tiroirs sans traverse. Montants et pieds cambrés. Ornements de bronze ciselé et doré aux chutes, entrées de serrure, cul-de-lampe et poignées de tirage. Plateau de marbre brèche. Haut. : 89cm - Larg. : 149cm - Prof. : 69cm - Estimation : 80 000 / 100 000 €

Note: DUBOIS (Jacques) reçu Maître le 5 Septembre 1742.
Avec BVRB et Joseph Baunhauer, Jacques Dubois fut l'un des plus grands ébénistes parisiens sous le règne de Louis XV.

Sa production se caractérise par des ensembles de haute qualité, mobilier en placage de bois-de-bout et à panneaux de laque. Sa clientèle princière était à la fois française et étrangère ; ce qui était rare au XVIIIe siècle. Les meubles en laque de Dubois font partie des plus grandes collections : cf le bureau plat “de Choiseul” en laque du Japon conservé à Paris au musée du Louvre.

Au XVII^e siècle, la Chine est le symbole de l’exotisme et du bon goût. Dans les cabinets de curiosités, les collectionneurs européens accumulent des porcelaines, des sculptures ou des laques rapportées de l’empire du Milieu. Ces dernières, dont la beauté est vantée par tous les marchands portugais, intriguent. Quel est donc ce magnifique vernis qui pare les meubles et l’intérieur des maisons chinoises ? C’est seulement en 1760 que le père d’Incarville élucide la question, lors d’une communication à l’Académie des sciences. Il révèle ainsi l’existence de cette résine tirée de l’arbre Rhus vernicifera. Purifiée par évaporation, elle est mélangée à plusieurs solutions, dont des gommes et un hydrocarbure. La laque est ensuite apposée par couches successives, polies avec minutie. La dernière étape est celle du décor, imprimé dans la matière, puis peint. Complexe, ce procédé que seuls maîtrisent les Chinois et les Japonais fut l’objet de toutes les convoitises. Il donna naissance à un immense marché d’exportation vers l’Europe. Vendus à prix d’or, les panneaux de laque deviennent le monopole des marchands merciers parisiens. Ce principe présente toutefois certains inconvénients, le coût très élevé d’abord, les difficultés techniques d’adaptation sur les surfaces galbées ensuite. La solution, trouvée au début du XVIII^e, est portée à son apogée par les frères Martin dans les années 1730 : l’invention d’un vernis à l’imitation de la laque, composé de blanc d’Espagne et de terre d’ombre avec un vernis gras souvent de carabé. L’utilisation du vernis Martin permet alors de répondre à la demande d’une clientèle moins fortunée, qui ne peut s’offrir de véritables laques, tout en résolvant les problèmes techniques, notamment le décor des parties galbées. Jacques Dubois est l’un des ébénistes qui ont le plus employé cette technique. Notre ébéniste aimait associer plusieurs techniques. À partir de 1742, il réalise de nombreuses commodes à deux tiroirs sans traverse rehaussées de vernis Martin ou de laque centré, dans un cartouche parfois souligné de bronzes, entouré d’un décor de vernis Martin ou d’aventurine, et, plus rarement, de marqueterie de bois, comme sur notre modèle. Après sa disparition, son fils, René, poursuivra cette production de meubles pendant une vingtaine d’années, en suivant les nouveaux styles Transition et Louis XVI. Une mode toujours au parfum de l’Orient ! (www.gazette-drouot.com)

Mercier & Cie - 59000 Lille. Objets d'Art, Céramique, Tableaux Anciens et Modernes, Beau Mobilier. Vente du Dimanche 04 Mai 2008