Antoine Van Dyck, hôte de marque du Musée Jacquemart-André
Portrait du joaillier Pucci avec son fils. Entre 1924 et 1927. Huile sur toile, 125 x 100 cm. Galleria di Palazzo Rosso, Gênes © Archivio Fotographico del Comune di Genova, Musei di Strada Nuova-Palazzo Rosso
Le Musée Jacquemart-André rend hommage à Van Dyck, un artiste unanimement salué au XVIIème et au XVIIIème siècle comme le plus grand portraitiste européen depuis Titien et dont l’influence sur les portraitistes des siècles suivants fut considérable. Pour la première fois en France, est présenté un ensemble inédit de peintures, complété par une douzaine de dessins prêtés par les collections publiques les plus prestigieuses d’Europe et des Etats-Unis : le Musée du Louvre, le British Museum de Londres, le Rijksmuseum d’Amsterdam, le Nasjonalgalleriet d’Oslo, la Pinacoteca Capitolina de Rome, le Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. Aujourd’hui encore, Van Dyck continue de fasciner par sa virtuosité technique et l’élégance de son art du portrait. L’exposition retrace sa carrière, nous invitant à suivre l’artiste au fil de ses voyages et de ses sources d’inspiration.
A Anvers, véritable enfant prodige, Antoon Van Dyck devient, à dix-huit ans à peine, le second de Rubens comme peintre d’histoire. Ses premiers portraits, inscrits dans la grande tradition du portrait flamand, révèlent déjà son désir d’assouplir et d’animer ses toiles en introduisant « une part d’affect qui réchauffe le climat des représentations familiales ou matrimoniales » (Portrait de famille de Saint-Pétersbourg)
Portrait de famille, 1620, Huile sur toile, 113,5 x 93,5 cm, Musée de l’Ermitage, Saint Petersbourg. Photos © Musée National de l'Ermitage/Photographes : Vladimir Terebenin, Leonard Kheifets, Yuri Molodkovets, Svetlana Suetova
mais aussi de souligner la noblesse de ses modèles en s’inspirant des portraits de la Renaissance italienne, notamment de la grande tradition vénitienne (Portrait d’homme de Lisbonne).
Portrait d’homme, 1620-1621, Huile sur toile, 142 x 112 cm, Musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne. © Catarina Gomes Ferreira, Musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne
Un premier séjour en Angleterre entre 1620-1621 lui permettra de s’essayer avec le Portrait du comte d’Arundel au portrait noble. Il produit alors un « tableau d’une parfaite nouveauté par rapport à ce qui se faisait dans les îles Britanniques ».
Portrait de Thomas Howard, comte d’Arundel 1620-1621. Huile sur toile, 102,8 x 79,4 cm. J. Paul Getty Museum, Los Angeles. Mention légale : The J. Paul Getty Museum, Los Angeles
Van Dyck entreprend un voyage en Italie entre 1621 et 1627 pour approfondir sa connaissance des maîtres italiens. Il y connût une véritable révélation et deviendra ce « pittore cavalieresco », « illustration de l’idéal du peintre gentilhomme qu’il ne cessera jamais d’être ». L’Autoportrait de l’Ermitage le montre « sûr de lui jusqu’à la forfanterie, dialoguant à la fois avec l’art de Raphaël et celui de Titien, incarnant l’Artiste dans la plénitude de ses moyens ».
Autoportrait, 1622 ou 1623. Huile sur toile, 116,5 x 93,5 cm. Musée de l’Ermitage, Saint Petersbourg. Photos © Musée National de l'Ermitage/Photographes : Vladimir Terebenin, Leonard Kheifets, Yuri Molodkovets, Svetlana Suetova
La même vision se retrouve dans le Double portrait des frères de Wael, élevés au rang de virtuosi. Il devient l’artiste favori de l’élégante société génoise. Il réalise de nombreux portraits tour à tour spontanés ou solennels où son style propre s’affirme à travers l’assimilation de l’art de Rubens, de Titien, des grands portraitistes bergamasques (Moroni) ou de Raphaël.
Portrait de Lucas et Cornelis de Wael, 1627, Huile sur toile, 120 x 100 cm. Pinacoteca Capitolina, Rome
Le Portrait de Porzia Imperiale et de sa fille Maria Francesca fait entrer l’illusion du naturel au sein de la pompe du portrait d’apparat.
Portrait de Maria de Tassis, 1630, Huile sur toile, 128,2 x 99,5 cm. Liechtenstein Museum, Vienne. Mention légale : Sammlungen des Fürsten von und zu Liechtenstein, Vaduz - Vienne
De retour dans les Flandres, Van Dyck abandonne l’ancienne rigueur flamande. Ses portraits consacrent la stratégie d’élévation de la bourgeoisie anversoise (Portrait de Jacques Le Roy)
Portrait de Jacques Le Roy, Vers 1631. Huile sur toile, 117,8 x 100,6 cm. Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid © Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid
Il est également le portraitiste en vogue de la noblesse flamande et brabançonne aussi bien que de l’aristocratie étrangère (Portrait de Carlo Emanuele d’Este ?).
Portrait de Filippo Francesco ou de Carlo Emanuele d’Este ?, 1634-1635. Huile sur toile, 175 x 96 cm. Kunsthistorisches Museum, Vienne. Mention légale : Kunsthistorisches Museum, Gemäldegalerie, Vienne
Ses œuvres témoignent de la grande diversité de ses compositions et de son évolution vers une attitude nonchalante des modèles, une grâce mélancolique associées à un déploiement exceptionnel de parures et de couleurs chatoyantes (Portrait de Maria de Tassis). Son allure raffinée et la splendeur de son mode de vie l’assimilent parfaitement à sa clientèle aristocratique. Il incarne alors l’idéal du « peintre gentilhomme ».
Portrait de Maria de Tassis, 1630. Huile sur toile, 128,2 x 99,5 cm. Liechtenstein Museum, Vienne. Mention légale : Sammlungen des Fürsten von und zu Liechtenstein, Vaduz - Vienne
Mais c’est à la cour d’Angleterre, où il s’établit en 1632, que Van Dyck devient véritablement un portraitiste de cour. Dans ses portraits de l’aristocratie anglaise (Portrait de Mary, Lady Killigrew, Portrait de John Belasyse, plus tard Lord Belasyse of Worlaby)
Portrait de Mary, Lady Killigrew, 1638. Huile sur toile, 105,7 x 84,5 cm. Tate Gallery, Londres © Tate, London 2008
Portrait de John Belasyse, plus tard Lord Belasyse of Worlaby. Vers 1636. Huile sur toile, 99,1 x 78,7 cm. Collection Luigi Koelliker, Milan © Manusardi Paolo, Milan per Collezione Koelliker
et ceux des membres de la famille royale (Portrait des princesses Elizabeth et Anne (esquisse), Double portrait de Charles-Louis et Rupert, Princes Palatins du Louvre), l’artiste parvient à trouver un habile compromis entre l’exigence de dignité, de grandeur et une souplesse jusqu’alors absente des portraits royaux.
Portrait des princesses Elisabeth et Anne, esquisse, 1637. Huile sur toile, 29,8 x 41,9 cm. The Scottish National Portrait Gallery, Edimbourg. Mention légale : Scottish National Portrait Gallery
Double portrait de Charles Louis, Electeur palatin, et du Prince Rupert, 1637. Huile sur toile, 132 x 152 cm. Musée du Louvre, Paris RMN/© Christian Jean
Ce subtil équilibre est particulièrement atteint dans ses portraits du roi Charles Ier (Portrait de Charles Ier en habit de l’ordre de la Jarretière).
Portrait de Charles 1er en habit de l’ordre de la Jarretière, 1637. Huile sur toile, 123,5 x 96,5 cm. Staatliche Kunstsammlungen, Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde © Hans-Peter Klut, Gemäldegalerie Alte Meister, Staatliche Kunstsammlungen, Dresde
Anobli pat la roi dès son arrivée, il devient l’incarnation du peintre gentilhomme. Il meurt richissime un an après Rubens et est enterré dans la Cathédrale Saint Paul à Londres.
Un cabinet de dessins, dans l'exposition, rassemble des oeuvres qui, du fait de leur fragilité, ne sauraient pas être exposées à une trop forte lumière. Douze feuilles, que l’on peut toutes qualifier sans aucune hyperbole de chefs-d’oeuvre du dessin vandyckien, y sont présentées.
Portrait de Jan Anthonisz, van Ravesteyn. Probablement exécuté en 1632. Pierre noire, 252 x 102 mm. Graphische Sammlung Albertina, Vienne. Mention légale : Albertina, Vienne
8 octobre 2008 - 25 janvier 2009. Musée Jacquemart-André, 158 Boulevard haussmann, 75008 Paris. Tous les jours de 10h à 18h, nocturne lundi jusqu'à 21h30. Plein tarif: 10 euros; réduit: 7,30 euros. Catalogue 183 pages. Editions Fonds Mercator: 39 euros. www.musee-jacquemart-andre.com