Paul Fryer, Pietà @ Cathédrale de Gap
Paul Fryer, Pietà (The Empire Never Ended - 2007), collection François Pinault
"A peine le pied posé sur le perron de la cathédrale de Gap, et l'on est saisi par une apparition presque inquiétante au fond de la nef latérale. Le Christ surgit de l'obscurité, assis sur une chaise électrique et non crucifié. Nous sommes à la veille de Pâques. Cette vision provoque choc et même douleur chez certains chrétiens scandalisés. Et pourtant la croix n'était-elle pas à l'époque romaine l'équivalent de la chaise électrique, un instrument de mort et de torture, d'autant plus infamant qu'il était réservé aux esclaves ? Le Christ redevient alors notre contemporain et sa Passion n'en est que plus actuelle. A nous de ne pas ignorer la souffrance de chacun.
Le réalisme exacerbé de la figure du condamné, dans sa chair, ses cheveux couronnés d'épines, sa tunique rouge de sang et la douleur de son visage baissé, accablé, nous ramènent aux figures de procession de la Semaine Sainte espagnole. Cette oeuvre qui peut paraître provocatrice prend donc aussi ses racines dans un art traditionnel et populaire.
Et c'est dans cette alliance de la tradition et de la modernité, dans cette concentration de significations essentielles, que l'on peut reconnaître à la Pietà de Paul Fryer sa dignité d'oeuvre d'art." Christine de Winter, Le Dauphiné