Gladiateur Borghèse, France, vers 1700
Gladiateur Borghèse, France, vers 1700. Photo Kohn
Bronze patiné Socle en ébène, écaille, laiton et bronzes dorés Statuette: H. 48 cm, L. 60 cm, P. 26,5 cm. Socle : H. 18 cm, L. 40 cm, P. 25 cm - Estimation : 35 000 / 45 000 €
AN EARLY 18TH CENTURY FRENCH PATINATED BRONZE BORGHESE GLADIATOR, C. 1700 On a tortoishell marquetry base 18.90 in. high, 23.62 in. wide, 10.43 in deep Base: 7.08 in. high, 15.74 in. wide, 9.84 in. deep
Le modèle du Gladiateur Borghèse que nous présentons est d'une remarquable qualité de fonte que l'on peut rapprocher de l'art des médaillers, compte tenu de la nervosité de la ciselure et la finesse de la patine. Témoignage de la parfaite maîtrise de son auteur, les marques d'assemblage des différentes pièces réalisées séparément sont d'une extrême finesse et seulement visibles en lumière rasante.
Le Gladiateur Borghèse fut, après sa découverte peu après 1611, l'une des sculptures antiques les plus admirées parmi celles conservées à la Villa Borghèse. OEuvre grecque de la période hellénistique (323-30 av. JC), elle fut mise à jour dans le Latium, lors de recherches organisées sous l'autorité du cardinal Scipion Borghèse.
Les fragments recueillis furent confiés en vue de sa restauration à Nicolas Cordier qui adjoint notamment un bras droit.
Elle prit immédiatement le nom de Gladiateur et entra dans les collections de la famille Borghèse jusqu'en 1807, date à laquelle Camille Borghèse vendit une partie de la collection d'antiques à son beau-frère Napoléon Ier qui les intégra aux collections nationales. Quelque soit l'angle d'observation, ce corps en mouvement est d'une parfaite cohérence dont l'attitude est rendue de manière harmonieuse.
Le jeu de la musculature dorsale et des épaules, la contraction des muscles fessiers déployant toute la force humaine et le visage violemment tourné vers son assaillant concourent à un profond réalisme. Admiré par les artistes européens dès son exposition dans les collections Borghèse, le Gladiateur fut l'objet de copies grandeur nature conçues pour orner parcs et jardins royaux ou privés, comme au Bosquet de la Reine à Versailles, à Fontainebleau ou au Château de Mortefontaine.
Les peintres en furent influencés également. Pierre-Paul Rubens, dans la Conclusion de la Paix à Angers le 10 août 1620, présente la figure du Gladiateur Borghèse de dos, symbolisant la fureur aveugle (Musée du Louvre, inv. 1787). Nicolas de Largillière, dans son portrait de Charles Lebrun en 1686, présente une réduction en bronze du sujet.
Les épreuves de bronze, terre cuite ou biscuit en réduction se multiplièrent également. Ainsi, Nicolas Coustou, lors de son séjour à l'Académie de France à Rome en 1683, réalisa une terre cuite de 55 cm de hauteur qui reproduit, probablement pour des raisons techniques, le tronc d'arbre soutenant la figure antique de marbre, élément négligé dans les réductions en bronze, comme on le constate sur l'exemplaire conservé au Musée du Louvre provenant de la collection des Bronzes de la Couronne.
Les bronziers, tant italiens que français, multiplièrent les épreuves pour une clientèle exigeante, férue d'antiquités.
La préciosité du haut socle accueillant cette oeuvre confirme la qualité de la pièce. De forme quadrangulaire, la base en ébène reçoit sur trois faces une marqueterie de laiton sur fond d'écaille rouge aux ornements puisés dans le répertoire de l'ornemaniste Jean I Bérain composé de lambrequins, arabesques et frises en volutes.
Ce décor, caractéristique des réalisations de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle, est complété d'un masque féminin en bronze doré rythmant le centre de chaque face.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES François Souchal, French Sculptors of the 17th and 18th centuries, The reign of Louis XIV, éd. Cassirer, Oxford, 1977, vol. I, pp.152-153
Collectif, Les Bronzes de la Couronne, éd. RMN, Paris, 1999, p.138
Kohn. Mercredi 22 mai 2013. L'Hôtel Le Bristol - Salon Castellane - 112 rue du Faubourg Saint Honoré, 75008 Paris www.kohn.fr