"La Mode au Moyen Âge" à la Tour Jean sans Peur
La Mode au Moyen Âge. Affiche.
PARIS - L'aristocratie de la fin du Moyen Âge est l'instigatrice d'un renouvellement et d'une diversité des vêtements et des accessoires. Ce sont là les prémices des phénomènes de mode tels que nous les connaissons aujourd'hui. L'exposition rend compte, du bout des poulaines à la pointe du chaperon, de l'évolution de la silhouette à cette époque.
Paraître
Si, jusqu'au XIIIe siècle, les vêtements se portent larges, une véritable révolution débute à l'aube du XIVe siècle. Les vêtements amples font désormais place à des tenues ajustées. La cotte féminine, pourvue d'un décolleté, souligne la poitrine, la taille et les hanches. Le corps masculin est mis en valeur par un pourpoint, sorte de veste matelassée, et de longues chausses gainant les jambes. Le buste, artificiellement rembourré, est saillant et la cambrure marquée. Les moralistes ont très tôt fustigé cette mode effrontée, comparant ces hommes au corps étriqué à des lévriers !
Au XVe siècle, l'esthétique vestimentaire masculine et féminine se distingue plus nettement. Pour les hommes, la mode est aux carrures larges, aux torses longs et aux tailles abaissées. Au contraire, la silhouette féminine dessine un buste court et étroit, et une taille haute.
Les sous-vêtements s'adaptent aux modes nouvelles. L'ampleur des chemises se réduit, la longueur des braies ou caleçons masculins s'amenuise au cours du XVe siècle. En guise de soutien-gorge, les femmes bandent au besoin leur buste ou bien usent de « robes à sachets de poitrine ».
Toujours plus haut : les coiffes architecturées à la fin du Moyen Âge, René d’Anjou, Le Livre des tournois, milieu du XVe s. Paris, BnF
Se jouer du vêtement
Les cours sont les lieux privilégiés de l'excentricité. Les artisans des princes rivalisent d'inventivité, aussi bien dans la forme des vêtements que dans leur ornementation.
Le vêtement aristocratique comprend de nombreux accessoires et décorations : ceintures d’orfèvrerie à clochettes, découpures ornant le bas des robes ou les poignets des manches, broderies de fils d'or et de pierres précieuses. Les couvre-chefs suivent ces excentricités. Les élégants jouent sur les multiples manières d’ajuster leur chaperon tandis que les élégantes portent des coiffes de plus en plus aériennes, comparables aux voilures d'un navire !
La chaussure s'affine, donnant naissance au XVe siècle à la poulaine, dont l'extrémité démesurée est rigidifiée par un rembourrage de mousse ou par une baleine. Pour déambuler dans les rues boueuses, rien de tel que les patins ou socques, sorte de sur-chaussures à semelle épaisse munies d'une lanière.
Pourpoint et chausses montantes pour les hommes, Ibn Butlan, Tacuinum sanitatis, milieu du XVe s. Paris, BnF
L'habit fait le moine
Pour les moralistes, le vêtement est le reflet de l'âme. Dès le XIIIe siècle, des lois somptuaires sont promulguées, obligeant chacun à être vêtu d'une façon qui reflète son rang dans la société.
Le vêtement est l'expression de la dignité, mais aussi de l'exclusion. Seuls les déguisements revêtus lors des fêtes permettent, pour un temps, un bouleversement des valeurs.
L'aristocratie aime à se distinguer en arborant sur les vêtements armoiries et emblèmes personnels, appelés devises, à la fois ornementations et véritables outils de communication.
Les princes attachent une grande importance à leur garde-robe et disposent de tailleurs à demeure. Certains pelletiers, brodeurs ou chapeliers sont fournisseurs officiels. Leur atelier en ville se trouve auréolé d'un prestige qui attire une clientèle fortunée, avide de copier la mode aristocratique.
Deux élégants à la fin du Moyen Âge, Christine de Pizan, Épître d’Othéa, Paris, v. 1409. Paris, BnF