"Médecines d'Asie, l'art de l'équilibre" au musée Guimet
PARIS - Conçue comme une expérience originale, un voyage introspectif entre corps et surnaturel, Médecines d’Asie est la première exposition majeure consacrée en France aux trois grandes traditions médicales asiatiques : indienne, chinoise et tibétaine. À travers un parcours scénographique par-delà les frontières et le temps, l’exposition transporte le visiteur dans un univers où se rencontrent pratiques médicales millénaires et œuvres d’art exceptionnelles, évoquant la méditation et le chamanisme, l’équilibre des énergies et la pharmacopée, le massage et l’acupuncture, l’astrologie et l’exorcisme.
L’exposition propose une plongée à travers quatre grands thèmes, dans un saisissant face à face avec 300 œuvres pour la plupart montrées pour la première fois, émanant des collections nationales françaises et de grandes institutions patrimoniales européennes.
Purusha, Népal, daté 1806. Détrempe sur toile. H. : 159 cm ; l. : 95 cm. Paris, Musée national des arts asiatiques – Guimet, donation Lionel et Danielle Fournier (1989), MA 5171. Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Michel Urtado
Du mythe à l’histoire.
La première partie présente les aspects fondamentaux des trois grandes traditions de médecine, à travers des œuvres d’une grande force esthétique et spirituelle, et un dispositif vidéo évoquant la circulation des flux énergétiques et vitaux dans le corps humain, point commun de ces thérapies. Le visiteur découvre progressivement la mythologie, l’histoire et le développement de traditions médicales fondées sur les équivalences entre infiniment grand et infiniment petit. Le voyage se poursuit par la présentation du panthéon des divinités liées à la médecine, en lesquelles s’incarnent les concepts de maladie ou de guérison, rappelant les liens entre médecine et spiritualité.
Ishizaka Sotetsu (1770-1841), Souffles nourriciers, souffles défenseurs et les vaisseaux du milieu du corps (Ei e chukei zu), Japon, 1825. Impression xylographique en couleurs. H. 124 cm ; L. 58 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits, japonais 319. Photo © Bibliothèque nationale de France
Diagnostic et soin.
La deuxième salle invite à poursuivre le parcours dans un espace plus intime et chaleureux. Point central de l’exposition, un espace conçu comme une apothicairerie rêvée présente la pharmacopée, l’acupuncture et la moxibustion. Entre officine de pharmacie et cabinet de curiosité, s’y côtoient mannequins d’acupuncture, plantes médicinales et précieuses boîtes à médicaments. Sont également abordées les techniques de traitement telles que le massage et les pratiques énergétiques (qi gong, tai chi, yoga). Dans l’ambiance enveloppante d’une salle dédiée au repos et à l’introspection spirituelle, le visiteur a la possibilité de se livrer à un exercice de méditation, tout en contemplant des œuvres empreintes d’une grande sérénité.
Felice Beato (1832-1909), Docteur prenant le pouls de sa patiente. Album « Views and costumes of Japan », studio Stillfried & Andersen, Japon, Yokohama, 1877-1880. Epreuve à l’albumine sur papier, coloriée. H. 19,5 cm ; L. 24,2 cm. Paris, Musée national des arts asiatiques – Guimet, AP11411. Photo © MNAAG, Paris, dist. RMN-Grand Palais / image musée Guimet
Médecine de l’âme.
Au-delà du corps physiologique, c’est aussi de l’esprit et de la psyché des êtres que se préoccupent les médecines asiatiques. Astrologie, charmes et rituels, amulettes et vêtements talismaniques sont autant de moyens permettant de lutter contre les indicibles affections de l’âme. Fil conducteur de cette troisième partie dédiée à la médecine de l’âme, aux esprits et aux forces démoniaques, neuf divinités astrales guident le visiteur dans les méandres de l’inconscient. Deux alcôves, consacrées respectivement au chamanisme et à l’exorcisme, invitent à un tête-à-tête avec les médecines du surnaturel. Une émouvante section est consacrée à la protection symbolique des enfants au travers d’objets empreints d’intimité et d’amour.
Mannequin d’acupuncture, Chine, dynastie Qing, 18e siècle. Papier et carton, laqué et peint. H. : 46,5 cm ; l. : 14 cm. Paris, Musée national des arts asiatiques – Guimet, don Sir Humphrey Clarke (1967), MG 24068. Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Orient et Occident : le dialogue des contraires.
La popularité et l’efficacité des médecines asiatiques est aujourd’hui indéniable tant dans une approche de bien-être que dans les prises en charge hospitalières. La fin du parcours évoque le dialogue médical entre l’Orient et l’Occident depuis le 16e siècle. De précieux ouvrages encyclopédiques sont présentés dans une scénographie rappelant l’ambiance des bibliothèques anciennes. Un singulier mannequin d’acupuncture japonais ramené en Europe au 17e siècle révèle l’intérêt ancien porté par l’Occident aux techniques de soins asiatiques. En écho, un exceptionnel et troublant rouleau peint japonais, déployé sur huit mètres de long, illustre la dissection scientifique d’un condamné à mort, dévoilant le désir d’analyse et de compréhension manifesté par l’Orient à l’égard de l’approche de la médecine occidentale.
Musée national des arts asiatiques – Guimet. Jusqu'au 18 septembre 2023
Yakushi-nyorai (Bhaishajyaguru, « le Maître des remèdes »), Japon, 19e siècle. Bois laqué, doré et peint. H. 150 cm ; L. 58 cm ; P. 41 cm. Paris, Musée national des arts asiatiques – Guimet, Fonds ancien, MG 26303. Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Traité d’acupuncture en langue thaï, Thaïlande, 19e siècle. Encre sur papier. H. 73 cm ; L. 35 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits, indochinois 324. Photo © BnF, Dist. RMN-Grand Palais / image BnF
Postures de yoga, Inde, Andhra Pradesh ou Tamil Nadu, vers 1820. Gouache sur papier. H. 40,5 cm ; L. 56 cm. Londres, British Museum, 3005.4. Photo © The Trustees of the British Museum
Masque Mahakola Sanni Yaka (ou Rajamulla Sanni Yaka), Sri Lanka, 19e siècle, Bois peint, cheveux H. 99 cm ; L. 69,5 cm ; P. 25 cm Oxford, Pitt Rivers Museum, 1899.88.1.1 à 1899.88.1.5. Photo © Pitt Rivers Museum, University of Oxford.
Chaussures pour enfant à décor de tigre, Chine, 20e siècle. Textile. H. 4 cm ; L. 5 cm ; P. 18 cm. Musée des Confluences, Lyon, collection Dautresme. Photo © Olivier Garcin
Portrait du roi Jayavarman VII (1181-vers 1220) Cambodge, Angkor, Ta Prohm, fin XIIe-début XIIIe siècle, grès, Paris, musée Guimet, dépôt permanent de la faculté des sciences de Marseille (1965) Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Michel Urtado
Amida-nyorai (Amitabha) formant le « sceau de la concentration », Japon, 19e siècle. Bois doré et peint. H. 143 cm ; D. 117 cm. Paris, Musée national des arts asiatiques – Guimet, Fonds ancien, MG 26296. Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Chemise talismanique, Inde du Nord, période des Sultanats, 15e-16e siècle Toile de coton peinte au calame, or, H. 61 cm ; L. 96 cm, Paris, Musée national des arts asiatiques – Guimet, donation Jean et Krishna Riboud (1990), MA 5680 (AEDTA 2765). Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Jean-Gilles Berizzi.
Les Neuf Planètes (Navagraha), Inde, 19e siècle. Gouache sur papier. Paris, Musée national des arts asiatiques – Guimet, MG 23823. Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Utagawa Kuniyoshi (1798-1861), Akasaka : L’impératrice Komyo, Série des Soixante-neuf stations du Kisokaido, Japon, 1852 - Estampe nishiki-e. H. 36,2 cm ; L. 27,5 cm. Paris, musée Cernuschi, legs Henri Cernuschi (1896), mc 4780.57. Photo © Paris Musees / musée Cernuschi.
Bhaishajyaguru, « le Maître des remèdes », Tibet, 14e siècle. Détrempe sur toile. H. 98,4 cm ; L. 80,7 cm. Paris, Musée national des arts asiatiques – Guimet, MA 5959. Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Félix Regamey (1844-1907), Traitement par moxibustion, Japon, 1876, Crayon sur papier, H. 15,5 cm ; L. 11,5 cm Paris, Musée national des arts asiatiques – Guimet, MG 26139. Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / image RMN-GP
Planche d'herbier, Pierre-Joseph Buc’hoz, Herbier ou Collection des plantes médicinales de la Chine, d’après un manuscrit peint et unique qui se trouve dans la bibliothèque de l’empereur de Chine, pour servir de suite aux planches enluminées et non enluminées d’histoire naturelle et à la collection des fleurs qui se cultivent dans les jardins de la Chine et de l’Europe, Paris, chez l’auteur, 1781, Paris, Bibliothèque nationale de France, département réserve des livres rares, res fol-te143-31. Photo © BIU Santé (Paris).
Iwasaki Tsunemasa (Kan’en, 1786-1842), Recueil illustré de plantes herbacées (Honzo zufu),Japon, 19e siècle. Xylographie et manuscrit à l’encre et couleurs sur papier, H. 26,8 cm ; L. 18,2 cm. Paris, Musée national des arts asiatiques – Guimet, don Louise Andrieu (1985), BG 64700. Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier.