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Alain.R.Truong
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15 mai 2025

"Worth Inventer la haute couture" au Petit Palais

"Worth Inventer la haute couture" au Petit Palais

PARIS - Avec la contribution exceptionnelle du Palais Galliera, le Petit Palais présente une exposition consacrée à la maison de couture Worth.

Charles Frederick Worth (1825-1895), fondateur d’une maison qui incarne l’apogée du luxe parisien, est une figure incontournable de l’histoire de la mode. Né en Angleterre, celui qu’on qualifie aisément d’inventeur de la haute couture, fonde en 1858 la maison « Worth & Bobergh » au 7 rue de la Paix, à Paris. Cette maison qui portera ensuite le seul nom de «  Worth  », devient le symbole du raffinement et du savoirfaire français et s’étend sur quatre générations et près d’un siècle.

Présentée sur 1 100 m² dans les vastes galeries du Petit Palais, cette rétrospective inédite rassemble plus de 400 pièces — vêtements, accessoires, objets d’art, peintures et arts graphiques— et a pour ambition de mettre en lumière aussi bien les créations que les figures marquantes de la maison Worth. Outre la collection du Palais Galliera, l’exposition bénéficie de prêts rares et prestigieux en provenance de musées internationaux tels que le Philadelphia Museum of Art, le Metropolitan Museum of Art, le Victoria and Albert Museum, le Palazzo Pitti, ainsi que de nombreuses collections privées.

 

Nadar, Charles Frederick Worth, 1892. Tirages sur papier albuminé monté sur carton, 42,5 × 30 cm. Diktats, Lille, France. © Librairie Diktats.

Émile Friant, Portrait de Charles Frederick Worth, 1893. Huile sur toile, 226,7 × 123,8 cm. Musée d’Orsay, Paris, France. © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Photo Sophie Crep

 

Le parcours suit une chronologie s’étendant du Second Empire à l’entre-deux-guerres et montre comment la griffe Worth, grâce à la vision internationale de son fondateur, est devenue une référence incontestée, contribuant à consolider la place de Paris comme capitale mondiale de la mode.

 

La première partie de l’exposition retrace les débuts de la maison, son essor et sa clientèle, de 1858 à la veille de la Première Guerre mondiale. Arrivé à Paris en 1846, Charles Frederick Worth débute comme commis chez Gagelin, un marchand renommé, avant de se faire rapidement un nom. En 1858, il fonde la maison «  Worth & Bobergh » avec le Suédois Otto Gustav Bobergh, au premier étage du 7 rue de la Paix.

 

Worth & Bobergh, Robe de ville, 1868-1869. Faille de soie. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris

Worth & Bobergh, Robe du soir portée par Mrs McCornick, vers 1866-1867. Museum of the City of New York, États-Unis. © Museum of the City of New York.

Worth & Bobergh, Robe à transformation, vers 1866-1868. Faille verte et tulle de soie. Philadelphia museum of Art, États-Unis d’Amérique. © 125th Anniversary Acquisition. Gift of the heirs of Charlotte Hope Binney Tyler Montgomery, 1996, Philadelphia museum of Art.

Worth & Bobergh, Robe à transformation, vers 1866-1868. Satin de soie avec dentelle et tulle de soie. Philadelphia museum of Art, États-Unis d’Amérique. © 125th Anniversary Acquisition. Gift of the heirs of Charlotte Hope Binney Tyler Montgomery, 1996, Philadelphia museum of Art.

 

La maison habille la princesse de Metternich, la cour impériale jusqu’à l’Impératrice Eugénie elle-même, imposant sa domination sur la mode parisienne. En 1870, après la séparation avec Bobergh, la griffe devient « Worth ». Des tenues de jour aux manteaux d’opéra, de la tea-gown (robe d’intérieur) aux robes de bal, l’exposition illustre le style Worth, inimitable, à travers un ensemble de silhouettes portées au gré d’une journée.

 

Worth, Robe à transformation corsage du jour, vers 1872. Cannelé de soie gris-bleu, ruban broché multicolore, franges de soie. The Metropolitan Museum of Art / Costume Institute, New York, États-Unis. © The Metropolitan Museum of Art, Dist. GrandPalaisRmn / image of the MMA

Worth, Robe de jour, 1878-1880. Faille de soie et lampas de soie brochée, garnis de dentelle, de satin de soie et de perles. Philadelphia museum of Art, États-Unis d’Amérique. © 125th Anniversary Acquisition. Gift of the heirs of Charlotte Hope Binney Tyler Montgomery, 1996, Philadelphia museum of Art.

Worth, Veste de femme, vers 1895. Velours de soie avec appliqué de soie et appliqué inversé (fourrure de remplacement). Philadelphia museum of Art, États-Unis d’Amérique. © Gift of Mrs. George B. Roberts, Philadelphia museum of Art.

L’exposition met également en lumière des clientes prestigieuses, telles que l’Italienne Franca Florio, l’Américaine Lady Curzon et l’emblématique comtesse Greffulhe, modèle de la duchesse de Guermantes dans l’œuvre de Marcel Proust. Des portraits peints par Carolus-Duran, La Gandara ou encore Louise Breslau jalonnent l’exposition et témoignent de la volonté, pour ces femmes fortunées, de se voir représentées dans leurs plus belles robes Worth. En 1895, le décès de Charles Frederick marque un tournant dans l’histoire de la maison, alors reprise par ses fils, Jean-Philippe et Gaston.

 

Worth, Robe d’intérieur ou Tea-gown, vers 1896-1897. Soie façonnée à fond en satin vert et motifs en velours coupé bleu, dentelle de coton mécanique, doublure en taffetas de soie changeant vert et bleu. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. © Stanislas Wolff

Worth, Robe d’intérieur ou Tea-gown, vers 1896-1897. Soie façonnée à fond en satin vert et motifs en velours coupé bleu, dentelle de coton mécanique, doublure en taffetas de soie changeant vert et bleu. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Worth, Robe du soir dite « Robe aux lys », vers 1896. Velours de soie noir, incrustations de satin de soie duchesse blanc ivoire en forme de branche de lys bordées d’un cordonnet de fils d’argent doré. Broderies de perles, paillettes, strass et fils métalliques d’argent doré. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Nadar, La comtesse Greffulhe, 1886. Procédé photomécanique, 29 × 16,8 cm. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Worth, Robe dite « Byzantine » portée par la comtesse Greffulhe au mariage de sa fille Elaine avec le duc de Guiche le 14 novembre 1904, 1904. Tulle de coton écru brodé de perles, paillettes et cannetilles en verre et métal; lamé or ; fourrure de lapin (moderne) ; doublure en taffetas de soie beige. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Louise Breslau, Madeleine Cartwright, 1887. Huile sur toile, 215 × 124 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.

Worth, Cape du soir, entre 1895 et 1900. Satin et mousseline de soie gris. Fleurs en toile de coton mauve et verte et fils métallique gansés de soie. Doublure en satin de soie ivoire. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Edouard Debat-Ponsan, Portrait de la comtesse Edmond Récopé, née Malher, 1888. Huile sur toile, 212 × 120 cm. Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.

Jean-Louis Forain, Le Buffet, 1884. Huile sur toile, 93,5 × 148 cm. © Collection particulière.

Jean Béraud, Une soirée, 1878. Huile sur toile, 65 × 117 cm. Musée d’Orsay, Paris, France. © RMN Grand Palais (Musée d’Orsay) / Photo Hervé Lewandowski.

Louis Béroud, L’Escalier de l’opéra, 1877. Huile sur toile, 65 × 55 cm. Musée Carnavalet - Histoire de Paris. CCØ Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris.

Worth, Tea-Gown ou Robe d’intérieur portée par Mrs Brice, 1894. Satin de soie lavande et damas à motif vermiculé. Museum of the City of New York, États-Unis. © Museum of the City of New York.

Charles-Emile-Auguste Carolus-Duran, Mrs William Astor, 1890. Huile sur toile, 212,1 × 107,3 cm. The Metropolitan Museum of Art / European Paintings, New York, États-Unis.
CCØ The Metropolian Museum of Art, New York.

Worth, Manteau de cour porté par Franca Florio, 1902. Palazzo Pitti / Galleria del Costume , Florence, Italie. © Museo della Moda e del Costume, Palazzo Pitti, Gallerie degli Uffizi, Florence. Ministero della Cultura.

Worth, Robe du soir portée par Franca Florio, 1900-1905. Palazzo Pitti / Galleria del Costume , Florence, Italie. © Museo della Moda e del Costume, Palazzo Pitti, Gallerie degli Uffizi, Florence. Ministero della Cultura.

Worth, Robe de cour de Lady Curzon, vers 1900. Corsage, jupe et traîne en soie crème avec broderie zardozi en fils métalliques argentés et dorés. Fashion Museum Bath, Royaume-Uni. © Fashion Museum Bath / Photo Peter J Stone.

Worth, Robe du soir, vers 1902. Corsage et jupe en soie jaune pâle avec motif feuille de chêne brodé en cordon de soie crème et chenille. Fashion Museum Bath, Royaume-Uni. © Fashion Museum Bath / Photo Peter J Ston

Worth, Robe du soir, vers 1895. Soie façonnée pékinée crème, noir et jaune, décor de fleurs lancé et broché, mousseline de soie jaune, ruban de satin noir ; doublure en faille de soie beige. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, France. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris

Anonyme, Andrée Caroline Worth, vers 1886. Tirage moderne, 24 × 18 cm. © Collection particulière

L’exposition fait revivre la mythique rue de la Paix avec ses maisons de couture telles Paquin, Doucet et Dœuillet. Le couturier Poiret, qui ouvre son propre atelier en 1903, fait ses armes chez Worth. Documents et photographies viennent illustrer le fonctionnement de cette maison où des milliers de personnes œuvrent au quotidien : de l’atelier de couture à celui d’emballage en passant par l’atelier du photographe jusqu’aux luxueux salons qui accueillent une clientèle internationale.

La dernière section se concentre sur le nouvel âge d’or de la maison, au début du XXe siècle. Sous la direction de Jean-Philippe et Gaston Worth, la maison poursuit son expansion. À cette époque, la mode fait un retour au style du Premier Empire, tout en répondant aux nouvelles aspirations de la société avec des silhouettes plus épurées, à la fois droites et fuselées. La maison s’affirme par ses créations, soutenues par la presse spécialisée, notamment La Gazette du Bon Ton.

 

Antonio de La Gandara, Portrait d’Ida Rubinstein, 1913. Huile sur toile, 210 × 103 cm. © Collection Lucile Audouy, Paris.

Gazette du Bon ton, Entre chien et loups, 1912. 24,7 × 19,2 cm. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

À partir des années 1920, les fils de Gaston, Jean-Charles et Jacques, prennent la relève. Worth entre alors pleinement dans la modernité. La maison propose à chaque collection de nombreux manteaux, capes, robes de jour et du soir. Le « bleu Worth » s’impose. En 1924, est lancé son premier parfum, Dans la Nuit, suivi de nombreux autres dont les flacons ont été conçus par Lalique dont Vers le Jour, Sans Adieu et Je reviens. L’exposition fait renaître ce dernier grâce à un dispositif olfactif exceptionnel proposé en collaboration avec l’Osmothèque, Conservatoire International des Parfums.

 

Scaioni, Publicité pour le parfum «Vers le jour» de Worth, 1925. Tirage positif collé sur carton crème et papier kraft, 17 × 22,2 cm. Palais Galliera, musée de la Mode de la VIlle de Paris. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Worth, Ensemble Dans la Nuit, 1924. Verre blanc pressé bleu, flacon en verre soufflé moulé et bouchon en verre moulé pressé. © Collection Benjamin Gastaud, Paris, France.

Worth, Ensemble Sans adieu, 1924. Verre vert émeraude flacon en verre soufflé moulé et bouchon en verre moulé pressé © Collection Benjamin Gastaud, Paris, France.

Anonyme, Robe du soir plongeant derrière, entre 1920 et 1930. Épreuve gélatino-argentique, 23 × 17 cm. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Worth, Manteau du soir, vers 1920-1922. Soie, Velours, Crêpe, Laiton. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Worth, Robe du soir flapper, dit Charleston, 1925. Lamé, soie, fils métalliques, verre et métal. © Collection Louis Vuitton.

 

Jean Dunand, Paravent à décors de poissons, vers 1926. Laque noire, argent, or et rouge, 170×140 cm. Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. CCØ Paris Musées / Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.

Worth, Robe du soir de la princesse Murat, Dessin de Jean Dunand pour Ducharne, vers 1926. Palais Galliera musée de la Mode de la VIlle de Paris. Paris, France. CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Man Ray, Photographie de Jean-Charles Worth, vers 1925. Tirage d’exposition à partir du vintage de la collection Juliet Man Ray, 22,5 x 17,7 cm. © MAN RAY TRUST / ADAGP, Paris 2025. Image Telimage, Paris.

Hay Wrightson, Portrait d’Andrée Joséphine Carron, épouse du prince Mohamed Aga Khan III, portant une robe Worth et des bijoux Cartier, juin 1930. Archives Cartier, Paris, France. © Hay Wrightson

Cette rétrospective est ponctuée par quatre vidéos réalisées, par le journaliste Loïc Prigent, dévoilant les secrets de la confection de quatre vêtements iconiques et les coulisses de leur mannequinage. Des extraits de films complètent le propos, tandis que des stations d’écoute plongent les visiteurs dans l’effervescence et le quotidien de ces maisons de couture. Enfin, un parcours enfant, dédié aux 7-10 ans, leur propose de vivre l’aventure de la mode en aidant le célèbre couturier à inventer la haute couture.

 

L’exposition s’affirme comme une immersion totale dans l’histoire d’une institution mythique qui a su imposer le luxe et l’élégance à la française. Une page de l’histoire de la mode se déploie, celle du système de la mode tel que nous le connaissons aujourd’hui avec ses défilés et ses stratégies de commercialisation, celle de l’invention de la figure du grand couturier dont les créateurs de mode se réclament encore aujourd’hui.

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