"L’Image d’après. Le Cinéma dans l’imaginaire de la photographie" à la Cinémathèque Française
Prenant à rebours la course anticipatrice qui projette sans cesse le cinéma vers «L’image d’après», la Cinémathèque organise une exposition pour les 60 ans de Magnum. Dix photographes ont été interrogés pour l’occasion, sur l’influence primordiale du cinéma dans leur travail.
Antoine d’Agata, Aka Ana (détail), 2006. Installation. Projection sur un écran de 400 cm sur 300 cm. Vidéo. DVD. 20 mn (Courtesy l’artiste Antoine D’Agata. Copyright Magnum Photos)
Alec Soth, Au Fil du temps de Wim Wenders (detail), 2006. Installation. Projection de photos sur un écran très grand format. Photographies d’Alec Soth de tailles identiques à l’écran et film de Wim Wenders, Au Fil du temps, (1976) (Courtesy l’artiste Alec Soth. Copyright Magnum Photos)
«L’image d’après», c’est ainsi qu’Henri Cartier-Bresson définit le cinéma. Selon Henri Cartier-Bresson, le cinéma c’est toujours ce qui vient après : moins l’image vue ou projetée sur un écran, que celle qui lui succède, prise dans le défilement. Le cinéma peut-il être, a contrario, “l’image d’avant”, c’est-à-dire celle qui inspire le photographe dans la capture du réel? Comment le cinéma s’immisce-t-il dans l’imaginaire d’un photographe? Quelle part de rêve, de fantasme, d’obsession, le photographe projette-til sur le monde?
Harry Gruyaert, Michelangelo Antonioni (détail), 2004. Installation. Projection. Montage avec des extraits du film Michelangelo Antonioni, L’Avventura (1960) et de photographies de Harry Gruyaert (Courtesy l’artiste Harry Gruyaert. Copyright Magnum Photos)
Gilles Peress, Autour du livre d’Alain Resnais, Repérages (1974) (détail), 2006. Installation. Projection (Courtesy l’artiste Gilles Peress . Copyright Magnum Photos)
A l’occasion des 60 ans de Magnum Photos en 2007, nous avons interrogé dix photographes de cette agence, appartenant à plusieurs générations et représentatifs de divers courants qui traversent aujourd’hui la photographie documentaire. Ils nous révèlent comment un réalisateur, un film, ou un plan a laissé une empreinte dans le labyrinthe de leur psyché. Et comment cette empreinte a marqué à son tour leur travail. Assumer l’héritage d’un autre regard, mieux : le revendiquer. Des images mouvantes, enfouies en eux, vont se superposer au film de la vie: une manière de cadrer ce qui advient, «sous influence».
Patrick Zachmann, Le cinéma shanghaïen des années 30 (détail), 2007. Installation. Projection. 3 écrans. Montages de film et de photographies (Courtesy l’artiste Patrick Zachmann. Copyright Magnum Photos)
Abbas, Paisà de Roberto Rossellini (1946) (détail), 2007. Installation. Projection de 20 photographies et du film Paisà, de Roberto Rossellini (Courtesy l’artiste Abbas. Copyright Magnum Photos)
Passages, infiltrations, superpositions entre les deux médiums. Le cinéma crée l’illusion du réel pour que le spectateur ne doute pas de sa vraisemblance. La photographie s’appuie sur l’imaginaire pour rétablir la vérité du vécu. Se placer à la frontière du vrai et du faux, du certain et de l’incertain, du juste et du non juste. Ultime issue pour dire une réalité mouvante, qui se dérobe, où on ne peut pas refaire de prise. «Nous savons que sous l’image révélée, il en existe une autre, plus fidèle à la réalité, et sous cette autre, une autre encore et ainsi de suite. Jusqu’à l’image de la réalité absolue, mystérieuse, que personne ne verra jamais» (Michelangelo Antonioni).
Diane Dufour et Serge Toubiana, Commissaires de l’exposition
Du 04 avril 2007 au 30 juillet 2007 à La Cinémathèque française, 51, rue de Bercy. 75012 Paris (M° Bercy)