Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alain.R.Truong
Alain.R.Truong
Visiteurs
Depuis la création 51 199 696
Archives
Newsletter
Alain.R.Truong
28 mars 2008

Leandro da Ponte, dit Leandro Bassano (1557-1622), Portrait d’un gentilhomme à l’épée dit Le Seigneur de Grammont, 1593

00090m

Leandro da Ponte, dit Leandro Bassano (1557-1622), Portrait d’un gentilhomme à l’épée dit Le Seigneur de Grammont, 1593, toile,112 x 85 cm. Dijon, samedi 5 avril 2008. Vrégille Bizouärd vente aux enchères. Cabinet Turquin. Estimation : 40 000/60 000 euros.

Surgissant d’un fond neutre, le portrait isolé, présenté à mi-corps, s’élabore en Italie au XVIe siècle.
À Venise, Titien concilie avec une aisance inégalée la mise en valeur du modèle et le souci de réalisme, influençant au moins deux générations d’artistes. Parmi eux, un certain Leandro Bassano, fils de Jacopo da Ponte, le premier peintre de sujets naturalistes en Europe. Avec ses trois frères, Francesco, Giambattista et Gerolamo, notre artiste fait ses classes dans l’atelier paternel, à Bassano, une ville de Vénétie. Le jeune homme peint d’abord des tableaux religieux. Adaptant la manière paternelle au goût de la fin du XVIe siècle, il reproduit ainsi des compositions que Jacopo a exécutées pour une histoire de Noé ; conservées aujourd’hui au Louvre, les Noces de Cana furent réalisées à la même époque. Puis Leandro rejoint Francesco, établi dans la cité des doges depuis 1579, où il fait également commerce d’art.
Au décès de son frère, en 1592, Leandro reprend l’atelier – et achève diverses oeuvres commencées par Francesco, notamment un tableau pour l’abbaye de Montecassino. Recevant de nombreuses commandes des églises vénitiennes et du palais des Doges, il travaille aussi pour divers notables occupant de somptueux palais le long du Grand Canal. S’attirant vite une clientèle fidèle, Leandro Bassano se distingue surtout dans l’art du portrait, qui lui vaut d’être élevé au rang de chevalier, en 1596, pour son effigie du doge Marino Grimani. Leandro Bassano est même appelé à Prague, auprès de la cour brillante de Rodolphe II de Bohème... Donnant une interprétation réaliste et directe du modèle avec un minimum d’accessoires, notre tableau représenterait le seigneur de Grammont. Daté 1593 et proposé "dans son jus", il peut être rapproché du Portrait du sculpteur ornant le château d’Hampton Court, propriété de la reine d’Angleterre. Pour passer à la postérité, notre distingué gentilhomme porte fièrement l’épée, main droite sur la table.
La facture lisse, le rendu extrêmement soigné du visage, des étoffes et l’attention aux détails lui confèrent grande allure. L’expression grave du visage est renforcée par l’ambiguïté de l’espace, où le seul repère est la table dessinée au premier plan. Se rapprochant ici des modèles et des recherches luministes du Tintoret, Leandro Bassano enserre la silhouette d’un contour net, joue discrètement des couleurs, habilement tenues dans une gamme de gris, de noir et de brun. Seul tranche le blanc des manchettes et de la fraise, exaltant l’intensité du regard. On retrouve également la grande maîtrise de Leandro dans la figuration des mains au naturel. Notre artiste a su saisir, au-delà de la pose officielle, la présence individuelle et le rayonnement du modèle – ouvrant la voie à la peinture de portraits hollandaise du siècle d’or.
Alchimie du réalisme et du classicisme... un portrait de choix pour vivre le temps retrouvé ! Chantal Humbert www.gazette-drouot.com

Commentaires