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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
22 janvier 2016

"L'asie rêvée" à la Fondation Baur

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Pot à pinceau en porcelaine, Chine, dynastie Qing, marque et règne de Qianlong (1736-1795). Marian Gérard © Fondation Baur, Genève.

GENEVE - Aux XIXe et XXe siècles, on collectionne des « curios » – ainsi nommés, à juste titre, puisqu’ils suscitent la « curiosité ». Ces objets exotiques en provenance de Chine ou du Japon, ornés de décors fantaisistes, façonnés dans divers matériaux, dont certains encore méconnus, subjuguent les Occidentaux. Ils provoquent un engouement pour l’Asie, envoûtent les amateurs et influencent profondément les arts graphiques européens. Cette fascinante période suscite les vocations : celle de collectionneur pour Alfred Baur (1865-1951), et celle de créateurs pour Alfred Cartier (1841-1925) et ses trois fils, Louis (1875-1942), Pierre (1878-1964) et Jacques (1884-1941). Si les pièces à façon asiatique du joaillier parisien sont généralement connues, leur contexte historique et culturel l’est beaucoup moins. Ainsi, l’idée de confronter ces joyaux aux collections de la Fondation Baur, Musée des arts d’Extrême-Orient de Genève, a-t-elle germé.

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Nécessaire Temple chinois, Cartier Paris, 1927. Diamants, or rose et jaune, émail noir. Nils Herrmann, Cartier Collection © Cartier

Au fil des salles, une Asie rêvée se dessine lentement, comme une chasse au trésor. Pagodes et pavillons endiamantés, lettrés affairés sous des cieux constellés, clairs de lune nacrés, phénix chatoyants, dragons de jade ou gemmes multicolores fleurissant comme des prunus décrivent une contrée imaginaire. La magie Cartier opère et séduit. Face à ces créations – porcelaines impériales, laques saupoudrés de métaux précieux, soieries brodées, jades, émaux colorés, netsuke, ornements de sabre ou estampes – appartenant à la Fondation Baur racontent, elles aussi, la Chine et le Japon merveilleux, instaurant un dialogue inédit.

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Boîte en laque burgauté, Chine ou Japon, fin du XIXe siècle. Marian Gérard © Fondation Baur, Genève

Alfred Baur le collectionneur
En Suisse au XIXe siècle, la précarité des conditions de vie pousse de nombreux citoyens à l’aventure. L’insuffisance de la production agricole, les crises répétées de l’industrie incitent des hommes, des pères, des fils, voire parfois des familles entières, à partir chercher fortune ailleurs. Beaucoup prennent le large pour l’Amérique ou pour l’Asie, qui semblent offrir des perspectives d’avenir plus favorables. Ainsi, Alfred Baur s’embarque-t-il, en 1884, pour la Colonie royale de Ceylan. Le jeune homme, tout en apprenant les ficelles du métier de l’import-export, y découvre une île et une vie attachantes. Peu à peu, son expérience lui ouvre
de nouvelles portes. Il commence par faire l’acquisition de plantations, puis se lance avec succès dans la fabrication et le commerce d’engrais. En 1906, après vingt-deux ans passés à Colombo, Baur revient en terre helvétique d’où il continuera de chapeauter son entreprise. 

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Nécessaire Chinois, Cartier Paris, 1926. Plaques de laque burgauté, or, émail et pierres précieuses. Nils Herrmann, Cartier Collection © Cartier

D’une nature curieuse et irrésistiblement attiré par l’Asie, Alfred Baur entreprend ses premiers achats au tout début du XXe siècle. Il est tout d’abord intéressé par les objets à la mode, ceux qui agrémentent les pavillons des expositions universelles. Il s’agit de « curios » variés : porcelaines Satsuma peintes aux émaux et à l’or, ornements de sabre, sculptures en bois, ivoire ou bronze, estampes, netsuke et laques japonais, pierres dures, cloisonnés aux couleurs chatoyantes, ainsi que flacons à tabac chinois. Sa préférence se porte alors sur des pièces de petite taille que l’on conserve aisément dans des meubles à tiroirs ; mais cette contrainte logistique ne vaudra qu’un temps. Le grand périple oriental qu’il effectue avec son épouse, en 1923-1924, marque un véritable tournant dans la formation de son goût. Au départ de Colombo, à Ceylan, le couple explore l’Inde, la Chine, la Corée, puis le Japon. Dès son retour, le collectionneur exigeant écartera résolument les objets en vogue pour se consacrer à l’exceptionnel. Très vite, Alfred Baur, qui n’aura pas de descendant, songe à l’avenir de ses précieuses collections. Il désire mettre à l’abri l’oeuvre de toute une vie, et c’est finalement sous l’égide d’une fondation que naîtra le Musée aujourd’hui installé à Genève...

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Pendule mystérieuse Portique, Cartier Paris 1923. Or, platine, cristal de roche, onyx, diamants, corail. Nick Welsh, Cartier Collection © Cartier

Cartier le joaillier
Cartier est avant tout le nom d’une épopée familiale, le récit d’un atelier de bijouterie parisien, racheté en 1847, qui se transforme au fil des générations et des aléas de l’histoire. Grâce à sa clairvoyance et son savoir-faire, le joaillier gagne progressivement les faveurs de l’aristocratie européenne, des rois, puis de la haute société internationale. Les héritiers qui se succèdent à la tête de l’entreprise apportent chacun leur pierre à l’édifice. Ils s’adaptent au goût et à la demande, anticipent les besoins et lancent de nouvelles tendances, tout en veillant de près aux critères exigeants de la griffe. D’une manière assez précoce, la manufacture ne se contente plus de créer de somptueuses parures, mais diversifie son offre dans le domaine du luxe. En plus des bijoux, toutes sortes d’objets précieux sont proposés : garde-temps variés, accessoires de toilette, de bureau ou articles pour fumeurs... Ainsi, le style de la Maison cherche-t-il à séduire une clientèle cultivée, avide d’élégance et de nouveautés.

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Jeune homme à la pêche en cristal de roche, Chine, dynastie Qing, fin du XIXe siècle
Marian Gérard © Fondation Baur, Genève

Au tournant du XXe siècle, un goût récent pour les voyages, l’archéologie ou tout ce qui vient d’ailleurs, se développe et s’invite dans l’inspiration des frères Cartier. Les fabuleuses richesses de Russie, d’Egypte, de Perse, d’Inde, mais aussi celles de l’Orient extrême fascinent une société friande d’exotisme, et les créations joaillères de cette époque cueillent le fruit de cet imaginaire. Une Asie rêvée s’installe alors dans le répertoire décoratif de la Maison.

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Flacon à tabac en tourmaline représentant Budai, Chine, dynastie Qing, fin du XIXe siècle. Marian Gérard © Fondation Baur, Genève

Depuis longtemps chez Cartier, on sent poindre une curiosité pour l’Extrême-Orient. Des créations de style chinois et japonais apparaissent, mentionnées sporadiquement, dans les archives de 1877 aux premières années du XXe siècle. Il faut cependant attendre l’entre-deux guerres, le tourbillon des Années folles, pour que cette inclination se traduise en un véritable engouement. Dès lors, l’Asie s’immisce régulièrement au sein des créations de la Maison. Elle influence la conception de parures, de garde-temps ou de motifs, intervient dans le travail de matières spécifiques ou transparaît parfois dans un processus de stylisation Art déco.

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Bouddha à parties mobiles, Cartier Paris, 1928. Quartz rose, néphrite, lapis lazuli, or et pierres précieuses. Nils Herrmann, Cartier Collection © Cartier

L’ASIE RÊVÉE
Longtemps, la Chine et le Japon sont demeurés des terres situées aux confins du réel. Les Romains déjà achetaient un textile inconnu et précieux en provenance d’une contrée lointaine. La soie était alors aussi mystérieuse que son pays d’origine. Au Moyen-Age, de premiers intrépides s’embarquent pour cette obscure région du monde, rapportant descriptions frivoles et récits édifiants. Ce n’est qu’avec le Livre des merveilles, écrit par un certain Marco Polo (dates présumées : 1254-1324), que l’Occident entrevoit, dès le XIVe siècle, l’existence d’une puissante civilisation, enfin digne d’intérêt. Cathay tout d’abord, puis Cipangu, commencent à se dévoiler aux yeux des Européens ébahis. Toutefois ce n’est pas tant, à cette époque, la curiosité intellectuelle qui attire les pionniers en Asie, mais plutôt l’attrait stratégique, économique et religieux. L’esprit de conquête primera longtemps sur celui de la découverte véritable.

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Inrô à motif de phénix, Japon, laque incrusté de nacre dans le style Somada, XIXe siècle. Marian Gérard © Fondation Baur, Genève

L’Extrême-Orient restera, pour un temps encore, largement nébuleux. C’est au compte-gouttes, tout d’abord, que de premiers objets manufacturés, d’origine asiatique, parviennent en Europe. Si quelques-uns sont intégrés de manière précoce dans les grandes collections princières, les autres échouent le plus souvent dans des cabinets de curiosités – au beau milieu de plumes, de coquillages, d’animaux empaillés ou autres trouvailles surprenantes. Pendant un temps, ces pièces insolites satisfont pleinement le goût ambiant pour l’inédit. Un parfum d’Asie se répand ensuite sur les grandes cours européennes où les monarques font bâtir abondance de pavillons ou cabinets « chinois ». Dès lors, on mesure la fascination qu’exerce ce Monde à part sur l’aristocratie au travers des arts décoratifs. Les chinoiseries et japoneries qui envahissent les salons – tentures, mobilier, lampes, papiers peints ou tapis – révèlent une vision souvent biaisée, extrême même, de l’Orient. Sur les tentures chinoises de la manufacture impériale de Beauvais par exemple, l’empereur trône tel un maharajah, enturbanné. A ses côtés sont dépeints un éléphant et son cornac. Pour son divertissement, le chef d’Etat est encore représenté, absorbé par la cueillette d’ananas. En observant les sculptures du pavillon de Sans-Souci, on découvre que les Chinois déambulent et boivent du thé sous des palmiers. A Brighton, dragons, chauves-souris et lions fantastiques issus d’un Bestiaire merveilleux paradent fièrement dans le palais royal. Un peu partout dans les milieux huppés, les décors proposent des promenades oniriques dans des
Jardins d’Asie où foisonnent pagodes, créatures et essences fabuleuses. Les Européens rêvent ainsi la Chine et le Japon, souvent assimilés, voire confondus. Ils ignorent encore que derrière les motifs et Les lignes se cachent des signes, que les lézards masquent des dragons… Puis aux XIXe et XXe siècles, les conditions semblent enfin réunies pour que s’opère une vraie rencontre culturelle. On constate alors que l’admiration pour ces Empires secrets et reculés demeure intacte.

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Broche oiseau, Cartier Paris, commande de 1948. Platine, or gris et diamants. Marian Gérard, Cartier Collection © Cartier

Le Céleste Empire s’illustre désormais sur de nombreux objets qui affolent l’imagination. La pagode, l’une des premières « excentricités » que les étrangers apercevaient en approchant des côtes de Cathay, incarne la chinoiserie par excellence. Abondamment décrites et reproduites, ces tours à la charpente retroussée parviennent en Europe par le biais des récits de voyageurs. Ciselés de diamants, se dessinant parfois sur une teinte nuit, les pavillons Cartier sont de véritables fantaisies. Le travail de l’émail, sur les nécessaires ainsi parés, rappelle la profondeur des couvertes noir miroir des porcelaines d’époque Qing (1644-1911) conservées à la Fondation Baur. Ce revêtement sombre et lustré qui enveloppe les porcelaines impériales provient d’un pigment ferrugineux, mis au point dans les ateliers des fours de Jingdezhen sous le règne de l’empereur Kangxi (r. 1662-1722). Sur certaines pièces, des scènes crépusculaires luisent, incrustées sur un laque rehaussé de gemmes – la nuit étoilée est un thème récurrent chez le joaillier. Promenades sous des arbres en fleurs ou banquets animés au clair de lune sont constitués de lamelles de nacre colorées, minutieusement découpées. Ces laques dits « burgautés » sont le fruit d’une technique employée tant en Chine qu’au Japon, particulièrement populaire du milieu du XIXe au début du XXe siècle. Les paysages esquissés par la Maison embaument aussi de végétaux au parfum d’ailleurs – pivoines, lotus, prunus, chrysanthèmes – fleurissent entre les mains expertes des lapidaires. Certaines de ces plantes sont encore peu communes en Europe. La glycine ne fait son apparition que vers la fin du XIXe siècle, même s’il semble que de premiers pieds, ramenés d’une expédition dans l’Empire du Milieu en 1687, aient déjà fait une brève apparition dans les jardins de Versailles, introduits par le célèbre paysagiste André Le Nôtre (1613-1700). La Chine est véritablement dépeinte comme un jardin merveilleux. 

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Bracelet Deux chimères, Cartier Paris, 1961. Platine, or, diamants, émeraudes et corail. Nick Welsh, Cartier Collection © Cartier

Cette vision féérique s’enrichit encore d’étranges créatures – bouddhas réjouis et ventrus, déités éthérées, vénérables, immortels – dragons, phénix, carpes et tortues mutantes ou chiens de fô, paradent fièrement dans le répertoire. Le « magot », ce grotesque personnage qui trônait déjà dans les salons des Lumières de l’Europe du XVIIIe siècle, subjugue son monde. Parfois bizarrement aussi désigné du nom de « pagode », cet homme au physique et à l’attitude déroutants possède souvent des éléments mobiles qui ont le don de provoquer l’hilarité. Cartier se joue de cette figure, reproduite en quartz rose, jade et lapis-lazuli, rehaussée de pierres, dont la tête, la langue et les mains sont articulées. Ce sont cependant les dragons qui remportent le plus de succès. Serpentant sur les parures ou les nécessaires, la créature séduit. Un bestiaire merveilleux, mais réel, est aussi exploité. Libellules laborieuses, papillons, oiseaux nocturnes ou au plumage coloré se fraient à leur tour un chemin sur les pièces de la Maison. Le pékinois, ce petit chien au museau retroussé, court sur pattes, dont l’encolure est ornée d’une imposante crinière était encore inconnu en Europe lorsque la reine Victoria en reçut un, en présent, vers 1860. Il lui avait été offert par un officier et provenait des pillages effectués lors de la campagne de Chine. Simplement nommé « Lootie », l’animal fit le bonheur de sa nouvelle propriétaire pendant de longues années. La race aurait ensuite disparu de Chine à la chute des Qing (1911), et l’on rapporte que sa survie ne serait due qu’à un seul couple, qui aurait trouvé refuge chez la duchesse de Wellington. Dix ans plus tard, les Chinois ramenaient les pékinois d’Angleterre. Comme pour faire écho à ce surprenant épisode, Cartier intronise l’animal en le mettant sous cloche. 

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Katabori en forme de cloche de bois, Japon, bois et bois laqué, fin de la période Edo (1600-1868). Marian Gérard © Fondation Baur, Genève

Dans les ateliers du joaillier, l’Empire du Soleil levant n’est pas en reste. Le vent des îles nippones souffle sur de nombreuses pièces, comme sur une série de pendules, par exemple. Dans la campagne japonaise, au détour de certains chemins se dressent d’imposants portiques. Ces arches marquent la frontière entre les mondes profane et sacré. Conçus de pierre ou de bois, frustes ou plus sophistiqués, parfois colorés, parés de métal, les torii annoncent aux hommes qu’ils approchent d’un sanctuaire et leur rappelle que les « esprits » partagent leur vie. Dans les années 1920, les ateliers Cartier ont produit une série de pendules en forme de portique japonais. Plusieurs d’entre elles ont été couronnées d’une petite figure porte-bonheur. En Extrême-Orient dans les décors, les enfants incarnent naturellement les espérances de leurs parents, ce qui explique qu’on les emploie fréquemment à la manière de petits génies propices, promettant de nombreuses bénédictions. 

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Bol en agate, Chine, dynastie Qing, vers 1850-1920. Marian Gérard © Fondation Baur, Genève

L’Empire du Soleil levant excite dorénavant la curiosité occidentale. Les oeuvres comme Madame Chrysanthème, rédigée par Pierre Loti (1850-1923), ou l’opéra Madama Butterfly de Giacomo Puccini (1858-1924), contribuent à distiller une certaine vision de la femme japonaise en Europe. Relayée par la diffusion des estampes, ces créatures éthérées, au chignon élaboré, piqué d’épingles, de peignes ou de fleurs, enveloppées dans de lourds kimonos retenus à la taille par une ceinture nouée de manière sophistiquée, fascinent et hantent l’imagination des créateurs. Au Japon, point de bijoux. La seule parure de la coiffure, le luxe du vêtement ou la ligature du obi (ceinture traditionnelle), font office de joyaux. Le joaillier qui l’a compris s’en empare et conçoit une broche en forme de noeud, où les rubis dessinent des fleurs parmi les diamants. La magie des pièces asiatiques griffées Cartier opère et séduit une clientèle émerveillée. 

 

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Pendule, Cartier Paris, 1927. Godet à pinceaux chinois en agate fin du XIXe siècle, lapis lazuli, citrine et autres pierres. Nick Welsh, Cartier Collection © Cartier

On constate que sous l’influence extrême-orientale, la palette du joaillier s’enrichit également de matières nouvelles. Il y a les « apprêts » tout d’abord, ce stock d’objets hétéroclites rassemblé sous l’impulsion de Louis Cartier (1875-1942), qui s’offre aux dessinateurs de la Maison. On y puise toutes sortes d’ornements, antiquités, figurines, sculptures ou fragments archéologiques qui sont traités comme de véritables joyaux et qui transforment pendules, parures et accessoires en pièces irremplaçables. D’autres ressources apparaissent encore, souvent empruntées aux artisans chinois. Le travail des émaux, celui du jade, les incrustations de nacre, l’exploitation du bambou, plus fruste, celle de plumes de martin-pêcheur, ou les revêtements de laque aux couleurs restreintes confèrent une saveur inédite aux créations. Le goût de l’Asie s’impose. 

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Inrô à motif de perroquet, au revers sa cage vide, Japon, laque noir avec nashiji – saupoudrage de paillettes d’or, période Edo, 1722. Marian Gérard © Fondation Baur, Genève

Discrètement, les ornements chinois et japonais se glissent dans le vocabulaire artistique occidental qui se les approprie. Ces images, le plus souvent inspirées de la nature ou de la vie quotidienne, sont traditionnellement découpées, transformées en lignes enchevêtrées pour animer les objets, les textiles ; on les trouve également exploitées en architecture ou dans l’aménagement des jardins. Ainsi, rinceaux végétaux, craquelures variées, glace brisée, frises d’éclairs, vagues, dessins issus du tressage des paniers, caractères d’écriture, symboles, pièces de monnaie ou autres motifs trouvent-ils un second souffle au sein du mouvement Art déco. Un processus de décomposition géométrique similaire est notamment décliné chez Cartier, qui embrasse ce style dans les années 1920-1930. Tout ceci explique que beaucoup de créations de cette époque, bien que revêtues de décors abstraits, puissent être encore observées au travers du prisme de la Chine ou du Japon, qui les racontent. 

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Broche-pince perroquet, Cartier Paris, 1969. Or, platine, diamants et diamants jonquille. Nick Welsh, Cartier Collection © Cartier

Plus qu’un faire-valoir, les trésors des Collections Baur jettent un nouvel éclairage sur les créations Cartier. Ils permettent une étude de la réception et de l’assimilation des arts asiatiques en Europe, au début du XXe siècle. Formes, motifs et matières se mêlent et dévoilent des inspirations multiples. La rencontre du joaillier et de l’Extrême-Orient a donné naissance à certaines des plus belles réalisations de la Maison, mais cette aventure témoigne également de la découverte de ces empires par un collectionneur passionné, brossant une image de leur temps. Ce palpitant sujet méritait qu’on s’y attarde, aussi l’exposition et le catalogue qui l’accompagne restent à découvrir, instaurant un dialogue inédit entre les collections Cartier et celles de la Fondation Baur. 

12 novembre 2015 au 14 février 2016

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Plat à motif de prunus en fleurs. Chine, porcelaine peinte aux émaux famille rose, dynastie Qing, marque et règne de Yongzheng (1723-1735). Marian Gérard © Fondation Baur, Genève.

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Bracelet, Cartier New York, 1925. Platine, diamants, émeraudes, rubis et onyx. Marian Gérard, Cartier Collection © Cartier

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Inrô à motif de vase rempli de fleurs, Japon, laque or et décor en relief de divers matériaux incrustés, signé Shibayama, ère Meiji (1868-1912). Marian Gérard © Fondation Baur, Genève

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Étui à cigarettes, Cartier Paris, 1930. Or, jade, lapis-lazuli, turquoises, diamants, émail. Nils Herrmann, Cartier Collection © Cartier

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Boîte à thé natsume à motif de feuille d’érable, Japon, laque, signé Nakayama Komin, début du XXe siècle. Marian Gérard © Fondation Baur, Genève

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Boîte à poudre, Cartier Paris pour Cartier Londres, 1930. Laque, argent, platine, corail et diamants. Nils Herrmann, Cartier Collection © Cartier

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Plat à motif de méandres et pêches enchevêtrés, Chine, porcelaine peinte aux émaux, dynastie Qing, marque et règne de Yongzheng (1723-1735). Marian Gérard ©Fondation Baur, Genève

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Etui à cigarettes, Cartier Paris, 1928. Or, émail bleu et crème, flancs agate et saphirs Nils Herrmann, Cartier Collection © Cartier

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