"Du dessin au tableau au siècle de Rembrandt" à la Fondation Custodia
Dirck Hals (1591-1656), Études d’un homme assis, fumant la pipe, et de deux jambes, 1622-1627. Pinceau et encre brune, peinture brune, rehauts de gouache blanche, sur une esquisse à la pierre noire, 277 x 178 mm © Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-T-1965-180
PARIS - Pour la première fois après quatre siècles de séparation, sont réunis des tableaux des plus grands artistes hollandais du Siècle d’Or avec leurs dessins préparatoires. Après son succès à la National Gallery of Art de Washington pendant l’automne 2016, la Fondation Custodia est heureuse de présenter à Paris vingt-et-une peintures et une centaine de dessins, au nombre desquels deux rares carnets d’esquisses et un exceptionnel album offrant une immersion dans les ateliers du XVIIe siècle.
L’exposition dévoile le fruit des années de recherche de plusieurs spécialistes, qui se sont penchés sur la façon dont les artistes néerlandais utilisaient le dessin dans leur processus pictural. Sur les quelques milliers de dessins ayant traversé les siècles jusqu’à nous, ils ont réussi à en mettre certains en rapport avec une peinture identifiée. L’exposition bénéficie de prêts de nombre des plus grands musées et cabinets d’arts graphiques du monde. Aux côtés des œuvres de la Fondation Custodia et de la National Gallery of Art de Washington, on peut voir entre autres des peintures et des dessins du Metropolitan Museum of Art de New York, du Fogg Art Museum de Boston, du Rijksmuseum d’Amsterdam, de l’Albertina Museum de Vienne, de l’Ashmolean Museum d’Oxford, du British Museum de Londres, de la Gemäldegalerie ou encore du Kupferstichkabinett de Berlin.
Cornelis Bega (1631/32–1664), L’Alchimiste, 1663. Huile sur toile, marouflée sur panneau, 35 x 28,6 cm © National Gallery of Art, Washington, don de Mme Martin Wunsch provenant de la Collection Ethel et Martin Wunsch, inv. 2013.34.1
Cornelis Bega (1631/32–1664), L’Alchimiste, vers 1663. Pierre noire et rehauts blancs, sur papier bleu, 173 x 142 mm © Musée Mayer van den Bergh, Anvers, inv. mmb.1049
Une section introductive illustre la pratique du dessin des peintres hollandais au XVIIe siècle. Avec leurs études esquissées d’après des modèles, leurs croquis exécutés dans la nature – capturant paysages, arbres et bâtisses pittoresques, animaux… –, leurs études de mains, de bras, de têtes… les artistes se constituaient un répertoire de motifs dans lequel ils pouvaient puiser à loisir pour créer leurs tableaux.
Cette plongée dans les coulisses des ateliers permet de comprendre les méthodes de création d’une quarantaine des plus grands peintres hollandais et de passer en revue tous les genres picturaux : de la nature morte aux marines, des intérieurs d’églises aux scènes mythologiques et bibliques.
Si Rembrandt (1606-1669) fut un formidable dessinateur, on connaît très peu de feuilles directement préparatoires pour ses tableaux. L’un de ces très rares exemples est cependant présent dans l’exposition : pour la composition complexe de son Saint Jean-Baptiste prêchant, le maître hollandais a étudié dans différents dessins le personnage central et la foule assemblée pour écouter le saint. On peut suivre l’artiste dans sa recherche d’une posture, d’une expression ou du détail d’un costume.
Rembrandt Harmensz van Rijn (1606–1669), Saint Jean-Baptiste prêchant, 1634-1635. Huile sur toile marouflée sur panneau, 63 x 81,3 cm © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie, inv. 828 k
Rembrandt Harmensz van Rijn (1606–1669), Études de scribes pour le Saint Jean-Baptiste prêchant. Plume et encre brune, 167 x 195 mm © Staatliche Museen zu Berlin, Kupferstichkabinett, inv. kdz 3773
Rembrandt Harmensz van Rijn (1606–1669), Personnages de l’auditoire pour le Saint Jean-Baptiste prêchant. Plume et encre brune, lavis brun, quelques rehauts de blanc opaque, 189 x 125 mm © Staatliche Museen zu Berlin, Kupferstichkabinett, inv. kdz 5243
Rembrandt Harmensz van Rijn (1606–1669), Deux études de saint Jean pour le Saint Jean-Baptiste prêchant. Sanguine, 176 x 186 mm © Courtauld Gallery, Collection Seilern, Londres, inv. d 1978pg.182
Scènes de genre et portraits jalonnent le parcours de l’exposition. Le public peut notamment admirer les études de compositions d’Adriaen van Ostade (1610-1685) qui les multipliait et détaillait ensuite certaines de ses figures dans des dessins à la pierre noire dont plusieurs exemples sont exposés.
Adriaen van Ostade (1610–1685), Paysans dansant dans une taverne, 1659. Huile sur panneau, 44,1 x 60,3 cm © Saint Louis Art Museum, Saint Louis, Fonds des Amis du musée, inv. 147.1966
Adriaen van Ostade (1610–1685), Homme dansant, vers 1659. Pierre noire et craie blanche sur papier beige, 144 x 75 mm © Rijksmuseum, Amsterdam, acquis grâce au support du Fonds F. G. Waller, de la Belport Familienstiftung et à une contribution du Legs de J. A. Z. comte de Regteren Limpurg, inv. RP−T−1981−237
Adriaen van Ostade (1610–1685), Paysans dansant, vers 1659. Pierre noire, plume et encre brune, 132 x 267 mm © Hamburger Kunsthalle, Hambourg, inv. 22304
Après les « reportages » de batailles en mer et « portraits » de navires des célèbres peintres de marines Willem van de Velde père et fils, le visiteur pourra se pencher sur les méthodes de création de plusieurs des meilleurs paysagistes hollandais. La vue plongeante sur Amsterdam que Jacob van Ruisdael (1628/29-1682) réalisa sans aucun doute sur le motif, depuis les échafaudages d’un bâtiment en construction, a été le point de départ d’un remarquable tableau. La feuille, quoique de facture très enlevée, fournit d’infinis détails pour la description de la ville au premier plan, tandis que Ruisdael extrapole la moitié supérieure avec un ciel nuageux dont il avait le secret.
Jacob van Ruisdael (1628/29–1682), Panorama d’Amsterdam, du port et de l’IJ, vers 1665-1670. Huile sur toile, 41,5 x 40,7 cm © Collection particulière, Angleterre, en prêt à la National Gallery, Londres, inv. l1052
Jacob van Ruisdael (1628/29–1682), Vue sur Amsterdam et l’IJ, vers 1665. Pierre noire et lavis gris, 86 x 152 mm © Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-T-1960-116
L’exposition et le catalogue sont le résultat d’une étroite collaboration d’un groupe international de spécialistes, sous la houlette de Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia, Peter Schatborn, ancien directeur du Cabinet d’arts graphiques du Rijksmuseum, Amsterdam, et Arthur K. Wheelock Jr., conservateur des peintures nordiques à la National Gallery of Art, Washington. Le catalogue, disponible en français et en anglais, constitue la première étude sur le sujet et offre un panorama complet du XVIIe siècle hollandais.
du 4 février au 7 mai 2017
Pieter Saenredam (1597–1665), Le Chœur de l’église Saint-Bavon à Haarlem, 1636. Huile sur panneau, 49 x 36,6 cm © Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 396
Pieter Saenredam (1597–1665), Le Chœur de l’église Saint-Bavon à Haarlem, 1636. Plume et encre brune, encre grise à la pointe du pinceau, lavis gris, 480 x 370 mm © Noord-Hollands Archief, Kennemer Atlas, Haarlem, inv. 53−001702 g
Balthasar van der Ast (1593/94–1657), Nature morte de fleurs, vers 1630. Huile sur panneau, 37,2 x 24,5 cm © Collection Eijk et Rose-Marie de Mol van Otterloo
Balthasar van der Ast (1593/94–1657), Étude d’une tulipe (Amiral Pottebacker) et d’une mouche, 1620-1630. Gouache, aquarelle et tempera, 313 x 202 mm © Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 6534/42
Cornelis Saftleven (1607–1681) et Herman Saftleven (vers 1609−1685), Chasseur endormi dans un paysage, 1642 ou légèrement postérieur. Huile sur panneau, 36,8 x 52 cm © Collection Maida et George Abrams, Boston
Cornelis Saftleven (1607–1681), Chasseur endormi, 1642. Pierre noire et lavis gris, 169 x 238 mm © Collection Maida et George Abrams, Boston
Aelbert Cuyp (1620–1691), Paysage avec des bergers, vers 1650-1652. Huile sur panneau, 48 x 82,5 cm © National Gallery of Art, Collection Corcoran (Collection William A. Clark), Washington, inv. 2014.79.707
Aelbert Cuyp (1620–1691), Calcar, avec Monterberg dans le lointain, début des années 1640. Pierre noire, lavis gris et aquarelle verte et ocre, partiellement recouvert de gomme arabique, 185 x 495 mm © The Metropolitan Museum of Art, New York, provenant de la Collection Rita et Frits Markus, legs de Rita Markus, 2005, inv. 2005.330.4
Aelbert Cuyp (1620–1691), Études d’une vache et d’un cheval, vers 1650. Pierre noire, graphite et lavis gris, 84 x 125 mm © Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 458