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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
11 avril 2019

"Eloge de la sensibilité" au Musée d'Arts de Nantes

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NANTES - Éloge de la sensibilité réunit les plus importants tableaux français du 18e siècle conservés dans les institutions de Bretagne, depuis Antoine Watteau, au tout début du siècle, jusqu’à l’aube du 19e siècle. L’exposition suit l’évolution de la peinture française sur un siècle sous l’angle de la naissance du nouveau concept de sensibilité, à travers la peinture de genre : des portraits de Jean-Baptiste Greuze aux sensibles natures mortes de Jean-Baptiste Siméon Chardin, en passant par les paysages sublimes d’Hubert Robert et du chevalier Volaire.

L’exposition rassemble plus de 65 peintures conservées principalement dans les collections des Musées des Beaux-Arts de Rennes, de Quimper, de Brest et du Musée d’arts de Nantes.

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Jean Laurent Mosnier, Portrait de la princesse de Lamballe, 1780, Lamballe, mairie. © Mairie de Lamballe / Serge Andrieux-Cristal d’Argent.

Éloge de la sensibilité, reflet du siècle des Lumières.

Au 17e siècle, les passions, qui animent tout autant les grandes tragédies de Jean Racine que les toiles de Charles Le Brun, en détournant l’homme du chemin de la raison, et en le soumettant aux caprices du corps et du coeur, suscitent la défiance.

Dans la seconde moitié du siècle des Lumières, la littérature et la peinture se font le reflet d’une nouvelle vision de l’homme et de son environnement, en revalorisant les affects. La sensibilité devient la qualité première de l’âme, qui permet à l’individu de ressentir librement le monde.

Le philosophe Denis Diderot s’interroge sur le sentiment, s’étonne de la puissance des natures mortes de Chardin. Jean-Jacques Rousseau porte aux nues la sensibilité dans La Nouvelle Héloïse et théorise une nouvelle forme d’éducation dans l’Émile. Voltaire s’émerveille de l’impact de la nature sur ses sens et son âme... La peinture dite de genre (portraits, paysages, natures mortes et scènes de genre) offre alors un écho enthousiaste et inspiré à ces préoccupations inédites.

Elle accompagne les mouvements de l’âme, jusqu’à la naissance des tourments pré-romantiques de la fin du siècle.

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Adélaïde Labille-Guiard, Portrait de femme, vers 1787, Quimper, musée des beaux-arts. © mba Quimper / Photographie: Bernard Galéron.

Du portrait à la nature morte.

Au cours du siècle, les portraits d’apparat, célébrant le statut social du personnage, font place à une représentation plus intime, grâce à une analyse psychologique plus poussée comme dans le magnifique Portrait de femme d’Adélaïde Labille-Guiard. L’enfant n’est plus un adulte miniature, mais un individu à part entière, qui interagit avec ses proches, à l’heure où une nouvelle notion de famille apparaît. 

Une théâtralité originale imprègne désormais les rapports de séduction et l’ambiguïté trouble des sentiments dans les scènes de genre (Greuze).

Les paysages décrivent une nature sereine dans une harmonie savamment pensée ou, au contraire, des éléments déchaînés et mystérieux, reflets d’une âme dont les tourments annoncent le romantisme.

Paradoxalement, c’est dans le genre le moins reconnu,la nature morte, que la plus grande liberté se révèle. Diderot, bien malgré lui, admire la magie de la peinture de Chardin : « Approchez-vous, tout se brouille, s’aplatit et disparaît ; éloignez-vous, tout se recrée et se reproduit. » (Le Bocal d’olives et La Raie dépouillée de Chardin, Salon de 1763). 

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Jean-Baptiste Greuze, Portrait de Charles-Étienne de Bourgevin de Vialart, comte de Saint-Morys, enfant, vers 1782-1784. © Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux / Photographie : Gérard Blot.

Un partenariat exceptionnel des musées de Bretagne.

Organisées en parallèle, les expositions Éloge de la sensibilité à Nantes et Éloge du sentiment à Rennes s’inscrivent dans un partenariat exceptionnel entre Nantes (33 oeuvres), Rennes (11 oeuvres), Quimper (18 oeuvres) et Brest (2 oeuvres).

Plusieurs éléments ont naturellement convergé vers ce projet : pour sa réouverture en juin 2017, le Musée d’arts de Nantes a restauré l’ensemble de ses collections, dont quelques joyaux du 18e siècle. Début 2019, le musée des Beaux-Arts de Rennes publie l’ouvrage La collection des peintures françaises (16e-18e siècles). Les musées des Beaux-Arts de Quimper et de Brest conservent deux magnifiques ensembles du 18e siècle non publiés, sans oublier l’exposition de Rennes et Quimper en 2013 De Véronèse à Casanova : parcours italien dans les collections de Bretagne.

Toutes ces initiatives se fédèrent aujourd’hui autour des expositions de Nantes et de Rennes. Elles se déploient en deux volets explorant des voies différentes prises par la peinture : à Rennes s’illustre la peinture d’histoire, entre Grand Siècle et néoclassicisme, et à Nantes, la peinture de genre illustre la sensibilité à la Nature et à l’individu.

Du 15 février au 12 mai 2019 - Musée d'Arts de Nantes.

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Marie Geneviève Bouliard, Portrait de Monsieur Olive, trésorier des États de Bretagne et de sa famille, 1791 ou 1792, Nantes, Musée d’arts. © RMN / Photographie : Gérard Blot.

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Jean-Baptiste Greuze, Jeune fille au ruban bleu, Rennes, musée des Beaux-Arts © Jean-Manuel Salingue/MBA Rennes.

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Christian Marie Colin de la Biochaye, La mauvaise nouvelle, 1794, Rennes, musée des Beaux-Arts© Jean-Manuel Salingue/MBA Rennes.

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Antoine Watteau, Arlequin empereur dans la lune, vers 1707-1708, Nantes, Musée d’arts. © Musée d’arts de Nantes – Photo C. Clos.

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Nicolas Lancret, La Camargo dansant, vers 1730-1731, Nantes, Musée d’arts. © Musée d’arts de Nantes – Photo : C. Clos.

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Jean Huber, Voltaire et les paysans de Ferney, vers 1770, Nantes, Musée d’arts, déposé au château de Voltaire à Ferney© RMN / Photographie : Gérard Blot.

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Pierre Henri de Valenciennes, Biblis changée en fontaine, 1792-1793, Quimper, musée des beaux-arts© RMN-Grand Palais / Mathieu Rabeau.

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Pierre Jacques Volaire, Éruption du Vésuve et vue de Portici, 1767 © Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux / Photographie : Gérard Blot.

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Jacques Sablet, Élégie romaine, 1791, Brest, musée des beaux-arts© Musée des beaux-arts de Brest métropole

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Nicolas de Largillière, Nature morte avec instrument de musique, 1695-1700, Quimper, musée des beaux-arts© mba Quimper / RMN / Photographie : Mathieu Rabeau.

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Jean-Baptiste Siméon Chardin, Pêches et raisins, Rennes, musée des Beaux-Arts. © Jean-Manuel Salingue/MBA Rennes.

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