Une fin en soie
La récupération et le luxe ne font pas encore bon ménage. La maison Mantero risque de bouleverser ce rapport. Elle lance une soie recyclée haut de gamme.
Rencontrer Monsieur Mantero, c’est d’abord se frotter au chic à l’italienne. Costume noir impeccable et français admirable avec ce qu’il faut d’accent transalpin. Monsieur Mantero n’a cependant pas que ces atouts pour faire parler de lui. Le patron de la maison de soieries, créée en 1902 et fournisseur des plus belles griffes internationales, présente, sur le salon du tissu Première Vision, une innovation dans l’air du temps, la ReSilk. Une soie recyclée haut de gamme. Depuis quelques années déjà, la marque veut s’inscrire dans une démarche de respect de l’environnement. Elle a ainsi inauguré à Côme, La Tessitura, un concept store qui diffuse des créations à base de (beaux) déchets textiles retravaillés par de jeunes stylistes. Jupes ou espadrilles faites de cravates, rebus d’étoffes triturés pour devenir des éditions limitées. La ReSilk est en quelque sorte l’apogée de cette stratégie. Destiné au marché du luxe, ce produit qui ressemble à du feutre se décline dans plusieurs épaisseurs. Constitué de 50 % de fibres de soie vouées normalement à la destruction (prototypes, malfaçons…) et de 50 % de laine pour favoriser l’agrégation, il peut être imprimé, teint, gravé au laser… Bref, les possibilités sont immenses et font vibrer les stylistes comme les designers. Pour l’automne-hiver 2007-2008, un grand couturier a déjà passé commande. Son nom, en revanche restera, secret. Mais, pas de doute, cette invention ouvre de nouvelles routes pour la soie.
Vanessa Zocchetti (Elle.com)