Du sommet des monts Lang Biang, province de Lâm Dông, au Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre), on peut admirer une vaste région allant de la forêt de Dankia jusqu'à la ville de Dà Lat. Là-bas, vivent les K'hor, considérés comme "les cigales du Tây Nguyên".
Selon la légende, la tribu des Lat, à laquelle appartenait Lang K'lut, un jeune homme, gardait rancune contre celle des Srê dont le chef avait une belle fille qui s'appelait H'Biang. Différent de ses co-villageois, le jeune Lang préférait la paix aux conflits mais il n'arrivait pas à convaincre les siens d'arrêter les hostilités à l'encontre des Srê. Un beau jour, à Thac voi (chute d'eau de l'Eléphant), il rencontra par hasard la belle H'Biang. Les 2 jeunes tombèrent amoureux. Malgré tout, leurs 2 tribus continuèrent de s'affronter. Déçus, les 2 tourtereaux escaladèrent les monts Lang Biang et se donnèrent la mort, ce qui poussa les 2 parties à se réconcilier. D'où le nom de Lang Biang qu'on donne à ce massif dominé par 2 sommets. À l'est, le mont K'Lang, à l'ouest le mont K'Biang...

Située au pied des monts Lang Biang, à 12 km au nord de Da Lat, le village de Lat compte 12 groupes de joueurs de gongs. Les habitants vivent très chichement de la culture du riz, du café, du haricot noir et de la patate douce. Malgré les difficultés quotidiennes, tout le monde sait danser, chanter, jouer de la musique lors des festivités, même les enfants. Les talents ne manquent pas. Des artistes renommés sont même nés ici, comme la chanteuse Trinh qui a reçu en 2002 la médaille d'or d'un concours de chant organisé par la Télévision de Hô Chi Minh-Ville.

Quel est donc le secret des chanteurs de Lang Biang ? Chacun a son explication. La mère de Cil Poi, une chanteuse talentueuse, prétend que c'est grâce aux cigales qu'elle donna à manger à sa fille dès son plus jeune âge. Le père de K'razan Doan, lui, raconte que son fils, lorsqu'il était enfant, criait plus fort que ses camarades grâce à un régime alimentaire spécial riche en cigales et feuilles ! La mère de Uyên Ly pense que sa fille a une belle voix parce qu'elle a toujours vécu entouré d'oiseaux en cage. Il faut reconnaître que dans cette commune, nombreux sont les chanteurs qui se sont taillé une réputation, à l'échelle du Tây Nguyên voire du pays.

Selon des études du docteur A. Yersin (1863-1943) qui explora cette région au début du siècle dernier, les K'hor (tribus des Chil, des Srê, des Lat, etc.) vivent depuis des siècles dans cette région. Dotés d'une identité traditionnelle qui a subi les influences de leurs contacts avec les Vietnamiens et les Français, les K'hor sont particulièrement doués dans les arts, surtout musicaux.
Actuellement, les communes de Lang Biang ont tendance à devenir de nouveaux sites touristiques pour les visiteurs de Dà Lat. Chaque nuit, on peut y écouter des gongs, des chants, admirer de belles filles dansant autour de feux. Ces activités culturelles, qui constituent pour les touristes des expériences uniques et authentiques, apportent aux minoritaires des retombées financières qui améliorent leur niveau de vie. La commune de Lat figure déjà dans l'annuaire touristique de Dà Lat et dans plusieurs guides de voyage étrangers.  (X.T./CVN)