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Alain.R.Truong
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17 novembre 2007

Egon Schiele (1890-1918), Portrait d’Anton Peschka junior de profil, 1917

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Egon Schiele (1890-1918), Portrait d’Anton Peschka junior de profil, 1917, aquarelle et crayon noir, 44 x 30 cm. Estimation : 200 000/250 000 euros.

L’enfance est un thème cher à Egon Schiele. Au début de sa carrière, le peintre expressionniste réalise de très nombreux portraits des bambins errants de la capitale autrichienne. Les figures décharnées des taudis de Vienne sont des sujets faciles ; contre quelques couronnes, ces enfants d’un naturel innocent s’improvisent modèles. Mais ses dessins érotiques épinglés aux murs de l’atelier où posent les garçonnets lui valent, en 1912, une vingtaine de jours derrière les barreaux de la prison de Sankt Pölten, pour immoralité et détournement de mineur.
Schiele se consacrera donc aux portraits de ses proches. Ainsi le fils de sa soeur Gerti et de son ami le peintre Anton Peschka, le petit Toni, occupe-t-il une place importante dans l’oeuvre de l’artiste. Plusieurs dessins représentent l’enfant, de sa naissance, en 1914, jusqu’à ses quatre ans. En 1917, Schiele réalise même une série d’études pour Portrait of a Boy II. Anton Peschka junior a trois ans. Il est ici représenté de trois quarts, assis les mains serrées sur les genoux, une pose fréquente dans les études réalisées cette année-là. L’artiste est alors au sommet de son art. Le virtuose du dessin est parvenu à maturité et il n’a que vingt-sept ans ! Finies les années tumultueuses avec Valérie Neuziel et les dessins d’écorché vif. Deux ans plus tôt, Schiele a épousé la belle Edith Harms et ce mariage a apporté une réelle stabilité dans sa vie. Installé à Vienne, le peintre est reconnu, les commandes affluent. Il excelle désormais dans le portrait mondain.
Pour lui, un nouveau départ, une nouvelle chance : "Je veux tout recommencer à zéro. Il me semble que jusqu’ici, je n’ai fait que fourbir mes armes", écrit-il à son ami Anton Peschka. Sa peinture a d’ailleurs évolué, le trait se révèle moins acéré, moins tourmenté. En définitive, c’est le regard de l’artiste qui a changé : plus tendre, plus soucieux de l’autre. Ce tournant humaniste se traduit dans les oeuvres de ces deux dernières années, de loin les plus fertiles, par une sensibilité accrue au volume, un réalisme délicat. Le dessin au naturel. Schiele réduit son langage à la ligne, qui structure la figure pour mieux l’isoler sur un fond monochrome. Le visage et les mains du petit Toni demeurent les attributs du portrait. Les mains apparaissent ainsi démesurément agrandies, bien trop noueuses pour un bambin de trois ans.
En revanche, le visage délicatement aquarellé est bien celui, poupin, de l’enfance. Ce thème intime et familial semble aujourd’hui singulier sur un marché de l’art friand des nus érotiques de l’artiste. Ce ne fut pas toujours le cas. Dans les années 30, lorsque notre collectionneur, d’origine autrichienne, fit l’acquisition de cette feuille, les nus de l’artiste étaient considérés comme le summum de l’obscénité. Le jeune homme qu’il était dut alors se résoudre, sous la contrainte paternelle, à échanger son premier achat – un nu suggestif de l’artiste – contre ce délicat portrait de l’enfance.
Autres temps, autres moeurs ?. Stéphanie-Perris-Delmas (courtesy www.gazette-drouot.com)

Etude Jean Dit Cazaux et Associés, Jean Dit Cazaux, Sahuquet, Royère SVV. M. Ottavi. Bordeaux, samedi 17 et dimanche 18 novembre

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