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Alain.R.Truong
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2 juin 2014

Zao Wou-ki (1921 - 2013), 16.4.62

Zao-Wou-ki-16

Lot 9. Zao Wou-ki (1921 - 2013), 16.4.62, signé; signé, titré et daté 16.4.1962 au dos, huile sur toile, 73 x 100 cm; 28 3/4 x 39 3/8 in. Exécuté le 16 avril 1962. Estimate 1,000,000 — 1,500,000 EUR. Lot sold 2,023,900 EUR. Photo Sotheby's.

Cette oeuvre est accompagnée d'un certificat d'authenticité délivré par la Fondation Zao Wou-Ki et sera incluse dans le catalogue raisonné en préparation sous l'égide de Françoise Marquet et Yann Hendgen.

Provenance: Collection particulière, France.

Note6.04.62 est une oeuvre d’un lyrisme aussi déchainé qu’harmonieux.

La toile est contemporaine de l’exposition d’un ensemble d’œuvres de Zao Wou-Ki en Espagne, à Madrid puis à Cordoue. Dans la préface du catalogue rédigée par Michel Ragon, une citation de Che-Tao, peintre du XVIIème siècle, retient l’attention : « Les gens croient que la peinture et l’écriture consistent à reproduire la forme et la ressemblance. Non, le pinceau sert à faire sortir les choses du chaos ». Comment mieux exprimer les tourments de l’abstraction et les tourbillons jaspés de 16.04.62 ?

L’intensité des rouges et l’intransigeance des noirs ont peut-être quelque chose à voir avec les couleurs des maîtres Espagnols que Zao Wou-Ki voit lors du séjour en Espagne, au premier rang desquels Velasquez et Goya. Il y a dans 16.04.62 une vigueur « terrestre » équivalente au feu des toiles des premières années de la plongée dans l’abstraction (1954) jusqu’aux toiles du premier séjour à New York (1957) où Samuel Kootz devient son marchand attitré. Les bruns orangés - or brossés dans la partie basse de la toile ont la flamboyance sourde des incandescences tapies, de celles qui sont souterraines. Au centre de la composition où converge la densité diffuse de la toile, il y a comme une assomption soudaine de terre et de feu : des éclats rouge vif écrasés au couteau surgissent d’entre les ombres noires.

Immédiatement après le retour des Etats-Unis, Zao Wou-Ki entre dans une phase dite plus « aérienne » où il exploite l’effet vibratoire des couleurs. Surplombant les trois quart inférieurs de 16.04.62 qui baignent dans une atmosphère sulfureuse, un glacis de bleus, de turquoise et de cendre ouvre subitement la composition. Quelle manière admirable ici : étirée au couteau à palette, les couleurs superposées en couches fines dévoilent d’indéfinissables sous-jacences. Ce sont ces transparences, en plus des tons clairs, qui créent un intense effet d’oscillation atmosphérique. A gauche, stupéfiante, une écume d’un bleu pur et froid semble venir d’ailleurs.

Convoquer la terre et le ciel pour parler d’une œuvre de Zao Wou-Ki et les couleurs qui sont naturellement associées à l’une et à l’autre ne trahit pas une vision incapable de conceptualisation et d’abstraction. Mais nous pensons que ces forces sont si fondamentalement consubstantielles à la manière dont Zao Wou-Ki pense, ressent et peint qu’elles sont également les forces invisibles de sa peinture. C’est tout l’effort d’abstraction de Zao Wou-Ki d’un schéma préexistant cosmogonique et symbolique qui est admirable. Dans ces sphères, à la croisée de souffles antagonistes,16.04.62 fait partie des prouesses.

Sotheby'sART CONTEMPORAIN, Paris, 03 juin 2014 - 04 juin 2014

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