Atelier de Carlo Maratta et Franz Werner von Tamm (XVIIe siècle), Amours et guirlandes de fleurs, d’une série de quatre toiles, 106 x 173 cm. Estimation : 100 000/150 000 € (la série).

Nos quatre panneaux, provenant d’une collection particulière bellifontaine, appartiennent aux fameuses reprises d’atelier motivées par la vogue de la série Montioni, dont le musée du Louvre conserve deux toiles (Stéphane Loire, Les Peintures italiennes du musée du Louvre, éd. Gallimard). La série Montioni ? Un best-seller de la décoration, au temps où la cité romaine était la capitale incontestée des arts. Retour au XVIIe siècle donc, quand les palais comme les églises de la Ville éternelle se parent de splendides peintures en trompe l’œil. Pour la demeure du banquier Francesco Montioni, le grand Carlo Maratta, peintre du Saint-Siège et chef de l’école romaine, imagine des jeux de putti, inspirés de l’Albane : destinés à orner des dessus-de-porte, ses délicats amours batifolent dans des guirlandes de fleurs aux teintes délicates. Le tout sur un lumineux fond bleu azuréen. L’artiste italien collabore alors avec l’Allemand Franz Werner von Tamm, présent à Rome de 1685 à 1696. Celui-ci livre de ravissantes compositions florales, au rendu d’une finesse extrême. Carlo Maratta, lui, apporte un soin tout particulier aux attitudes de ces bambins potelés, auxquels il consacre plusieurs dessins préparatoires ; quatre feuilles, conservées à la bibliothèque nationale de Madrid, permettent de les dater de 1694. Le succès de la série Montioni fut tel, que le marquis Niccolo Maria Pallavicini en personne passa commande à nos deux artistes, bientôt suivi par d’autres amateurs. À Rome, le motif des putti bénéficiait, il est vrai, d’une belle renommée. Alessandro Algardi les avait déjà mis en scène dans ses panneaux de stucs destinés à l’église Saint-Ignace, tout comme Francesco Romanelli pour les cartons des tapisseries Barberini...

Fontainebleau, dimanche 26 octobre. Jean-Pierre Osenat Fontainebleau SVV. M. Millet