"L'invention de la Renaissance : L'humaniste, le prince et l'artiste" au Musée de la BnF
Affiche de l'exposition "L'invention de la Renaissance : L'humaniste, le prince et l'artiste" au Musée de la BnF
PARIS - Du XIVe au XVIe siècle, l’Europe a été le théâtre d’une effervescence intellectuelle, artistique et scientifique nouvelle, que la postérité a consacrée sous le nom de Renaissance. L’humanisme en constitue le cœur : né dans l’Italie du XIVe siècle et caractérisé par le retour aux textes antiques et la restauration des valeurs de civilisation dont ils étaient porteurs, le mouvement humaniste a produit en Occident un modèle de culture nouveau, qui a modifié en profondeur les formes de la pensée comme celles de l’art. Les princes et les puissants s’en sont bientôt emparés pour fonder sur lui une image renouvelée d’eux-mêmes, comme l’attestent tout particulièrement les grandes et magnifiques bibliothèques qu’ils ont réunies.
La BnF consacre une exposition à cette épopée culturelle et à ce moment décisif dans l’avènement de notre modernité, où littérature et art occupent une place maîtresse.
La présentation de plus de 200 œuvres comprenant des manuscrits, des livres imprimés, des estampes, des dessins, des peintures, des sculptures et objets d’art, des monnaies et médailles issues des collections de la BnF et de prêts extérieurs de grandes collections parisiennes (musée du Louvre, musée Jacquemart-André) plonge le visiteur dans l’univers de pensée et le monde des humanistes de la Renaissance.
Le parcours de l’exposition conduit du cabinet de travail privé du lettré s’entourant de ses livres dans son studiolo jusqu’à l’espace ouvert au public des grandes bibliothèques princières. Entre ces deux moments qui disent l’importance capitale des livres et de leur collecte, le visiteur est invité à explorer les aspects majeurs de la culture humaniste de la Renaissance : le rôle fondateur joué au XIVe siècle par Pétrarque et sa bibliothèque ; la redécouverte des textes antiques et la tâche de leur diffusion par la copie manuscrite, le travail d’édition, la traduction ; l’évolution du goût et des formes artistiques qu’entraîne une connaissance toujours plus étendue du legs de l’Antiquité ; la promotion nouvelle de la dignité de l’être humain et des valeurs propres à sa puissance d’action et de création, telles que le programme humaniste de célébration des hommes illustres les exalte.
Tout au long du parcours, manuscrits magnifiquement calligraphiés et enluminés et livres imprimés à la mise en page et l’illustration renouvelées par des modèles empruntés à l’Antiquité sont replacés dans le dialogue que l’art du livre de la Renaissance ne cesse d’entretenir avec l’ensemble des arts plastiques et visuels du temps : peinture et sculpture, art de la médaille et de la reliure, gravure et dessin.
La culture des lettres promue par les humanistes est ainsi réunie au culte de la beauté par lequel ils entendaient créer les conditions propices à l’établissement d’un rapport neuf et toujours plus étroit avec la culture de l’Antiquité : un rapport qui ne faisait pas seulement de la civilisation antique une matière d’étude mais aussi l’objet d’une véritable « renaissance », qui n’envisageait pas seulement cette civilisation comme un monde de connaissances historiques mais aussi comme un monde de valeurs toujours actuelles, de manière à accomplir la promesse d’humanité contenue dans le mot même d’humanisme.
Une scénographie sobre, au service des œuvres et de leur mise en relation, met à profit les volumes de la galerie Mansart de la BnF Richelieu, pour enchaîner dans l’unité d’un récit les cinq grands chapitres de l’exposition. Ils conduisent du XIVe au milieu du XVIe siècle, tout en suivant l’ordre thématique que leurs titres indiquent : « Le studiolo » ; « Pétrarque et la naissance de l’humanisme » ; « De l’étude de l’Antiquité au goût de l’antique » ; « Le savoir et la gloire » ; « De la bibliothèque humaniste à la bibliothèque princière ».
Des cartes, des chronologies ainsi que des dispositifs audiovisuels de médiation fournissent au public le plus large les repères principaux qui permettent de mieux pénétrer dans le cours d’une histoire qui a changé le destin culturel de l’Occident.
Commissariat: Jean-Marc Chatelain, directeur de la Réserve des livres rares, BnF
Gennaro Toscano, conseiller scientifique pour le musée de la BnF à la direction des Collections.
Donatello (1386 - 1466), Putti reggicandela, Bronze, Florence, 1434-1439 © Paris, musée Jacquemart-André.
Pisanello (vers 1395 – vers 1455), Alphonse V d’Aragon en armure, vu en buste, de profil vers la gauche, entre une couronne royale et un casque aux armes d’Aragon, Naples, 1448 © Paris, musée du Louvre.
Pisanello (vers 1395 – vers 1455), Médaille d’Alphonse V d’Aragon, Naples, 1449. Bronze, fonte © BNF, département des Monnaies, médailles et antiques
Jacopo Bellini (1396 - 1470), Portrait de Jacopo Antonio Marcello, dans Passio Mauritii et sotiorum ejus, Venise, 1453 © BnF, Arsenal.
Jacopo Bellini (1396 - 1470), Allégorie de la république de Venise, dans Jacopo Antonio Marcello, Passio Mauritii et sotiorum ejus, Venise, 1453 Tempera sur parchemin © BnF, Arsenal.
Gaspare da Padova (enlumineur), Bartolomeo Sanvito (scribe), Frontispice à l’antique, dans Suètone, Vie des douze Césars, Rome, vers 1475 © BnF, département des manucrits.
Gaspare da Padova (enlumineur), Bartolomeo Sanvito (scribe), Frontispice à l’antique, dans Suètone, Vie des douze Césars, Rome, vers 1475 © BnF, département des manucrits.
Aristote (384-322 av. J.-C.) Ethica, traduction latine par Johannes Argyropulos, Florence, vers 1480. Enluminé par Francesco Rosselli © BNF, département des Manuscrits.
Ovide, Métamorphoses, Florence et Venise, vers 1480-1485 ; copié par Antonio Sinibaldi et enluminé par le Maître du Pline de Londres © BnF MSS Latin 8016
Pérugin (1445 ?-1523), Apollon et Daphnis, Vers 1490 Huile sur bois © Musée du Louvre.
Enlumineur lombard (Maître B. F.), Portrait équestre du condottiere Muzio Attendolo Sforza, dans Vita di Muzio Attendolo Sforza (Vie de Muzio Attendolo Sforza), Antonio Minuti, Milan, 1491 © BnF, département des Manuscrits.
Albrecht Dürer (1471 - 1528), Saint Jérôme dans sa cellule, 1514 Gravure © BnF, département des Estampes et de la photographie.
Giovanni Antonio da Brescia, Hercule et le taureau de Crète, 1514-1515 © BnF, département Estampes et photographie
François Demoulins de Rochefort (né vers1470-1480 et mort en 1526), Commentaires de la guerre gallique (t. 2), Val de Loire, 1519, Enluminé par Godefroy le Batave et Jean Clouet, Parchemin, reliure de maroquin brun à décor doré (Paris, Étienne Roffet, vers 1535 -1540) © BNF, département des Manuscrits