Lot 44. L'Allégorie de l'Amérique par Francesco Bertos (Dolo, Venise, 1678-1741), Italie, Venise, vers 1710-1725. Estimation : 30 000 € / 40 000 €. Photo Kohn Marc-Arthur SVV.

Marbre - H. 91 cm, L. 38 cm, P. 42 cm.

Provenance: Matthiesen Fine Art Gallery, Londres, octobre 1978 Paris, collection privée 
Reproduit et répertorié dans le catalogue raisonné de l’artiste par Charles Avery, Bertos, The Triumph of the Motion, 2008, p 185, n° 54, aux côtés des trois autres continents, tous sculptés en marbre. 

Ce groupe fait partie d’un ensemble représentant Les Quatre Continents réalisés entre 1710 et 1725 par le sculpteur vénitien d’obédience baroque, Francesco Bertos. 

La composition construite en pyramide comprend plusieurs personnages personnifiant le continent américain : sur la base, un homme abat avec une dague un alligator qui vient de tuer un enfant couché à terre, à ses côtés un jeune garçon debout lève le bras et regarde la femme juchée sur l’épaule d’un homme d’âge mûr. Face à lui, un jeune homme retient un pan du drapé de la femme. Celle-ci brandit de sa main gauche un attribut aujourd’hui disparu. 

Le Walters Art Museum de Baltimore présente la série en bronze patiné. La représentation de l’Amérique est sensiblement différente du marbre. La nature féroce et primitive du Nouveau Monde est plus appuyée dans cette version avec des guerriers portant une femme nue qui vient de tirer une flèche sur un homme qui s’écroule et avec ce jeune enfant portant au bout d’une lance une tête décapitée, référence aux hypothèses européennes sur la pratique du cannibalisme en Amérique. On sait très peu de choses à propos de Francesco Bertos, artiste original qui a créé un nombre considérable de groupes pyramidaux complexes dans un style ingénieux, reflet du goût pour la théâtralité baroque. Il fut largement admiré en son temps eu égard aux commandes qu’il reçut des plus grandes familles locales, les Manin ou les Pisani, et des grands de l’Europe toute entière, comme le tsar Pierre le Grand ou le Maréchal Johann Matthias von der Schulenburg. 

Ses constructions pyramidales lui permirent des compositions complexes et architecturales peuplées de nombreux personnages mouvementés. Il s’exprima principalement dans le bronze, matériau mieux adapté que dans le marbre à ces complexités techniques.